La précarité de l’emploi, source croissante d’inégalités

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Existe-t-il une France de l’insécurité sociale ? Oui, affirme l’Observatoire des inégalités. Et elle représente près d’un quart de la population active ! 

Dans un rapport publié début juin, l’organisme indépendant estime à 8,1 millions le nombre de personnes en France fragilisées face à l’emploi : chômeurs, CDD, intérimaires, personnes découragées (qui ne recherchent plus de travail et ne figurent plus dans les statistiques)… Après dix ans de quasi-stabilité, le taux de pauvreté et les inégalités augmentent, alimentés par une précarité de l’emploi croissante et l’explosion des « flexibles du travail ». « Cette France de l’insécurité sociale a un visage : celui des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des ubérisés, des indépendants du bas de l’échelle », résume Louis Maurin, directeur de l’Observatoire.

La double peine

       


Le rôle crucial des prestations sociales

En plein lancement de la concertation sur le revenu universel d’activité, l’Observatoire des inégalités constate que la France, grâce à son modèle social et aux mécanismes de redistribution, demeure l’un des pays d’Europe où le taux de pauvreté est le plus faible, derrière les Pays-Bas et la Finlande, mais devant l’Allemagne et le Royaume-Uni. « C’est bien qu’on dépense “un pognon de dingue”, cela fonctionne et empêche des familles de dormir dans la rue », a réagi le directeur de l’Observatoire des inégalités.

   

Certes, le taux de chômage a décru, mais il reste pour les personnes non diplômées deux fois supérieur à la moyenne nationale. Et si l’absence de diplôme complique l’accès au travail, l’emploi obtenu par la suite peut s’avérer tout aussi discriminant en matière de flexibilité horaire, de pénibilité physique ou de cadences. « On pourrait penser que le travail à la chaîne ou que la pénibilité a disparu. C’est loin d’être le cas », précise le rapport. Le travail sous contrainte du rythme d’une machine a pratiquement doublé entre 1984 et 2016 – et 63,4 % des ouvriers non qualifiés subissent au moins trois facteurs de pénibilité.

Le « gâteau des revenus » demeure, lui aussi, mal partagé : avec 10 % des plus aisés percevant des revenus 8,7 fois plus élevés que les 10 % les plus pauvres, la France est après la Suisse le pays d’Europe où les riches sont le plus riches. À l’autre bout de l’échelle, 9 millions de personnes (dont 2 millions exercent un emploi) vivent avec moins de 1 026 euros par mois.

aballe@cfdt.fr 

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