Trois chantiers prioritaires de l'agenda social
• Après avoir restructuré l’agenda social, la ministre du Travail entamait à la fin septembre une série de concertations avec les partenaires sociaux.
• Une nouvelle conférence sociale organisée par Matignon se tiendra pendant la dernière semaine d’octobre.

La semaine s’annonçait dense pour les partenaires sociaux. Le 21 septembre, tous avaient reçu le calendrier des « réunions paritaires thématiques » fixées par l’exécutif comme les chantiers prioritaires de ces prochaines semaines. Dans un agenda social remodelé en six blocs selon le degré d’urgence, trois vont être prioritaires : les nouveaux modes de travail et la reconnaissance des salariés, le suivi des réformes, le suivi du plan de relance.
Les réunions auraient dû commencer sur le partage de la valeur, qui regroupe l’intéressement, l’actionnariat salarié, la participation à la gouvernance des entreprises mais aussi la santé au travail et le télétravail. Mais la première rencontre, fixée au 29 septembre, a finalement été annulée à la demande du Medef au profit d’une phase de consultation préalable, ce qui a provoqué un certain agacement côté syndical. « Nous souhaitons vivement que cette concertation soit rétablie un peu plus tard, si le problème du Medef est bien celui du temps… », a réagi la CFDT, tout en rappelant que les enjeux relevant du partage de la valeur ajoutée ont fait l’objet d’un diagnostic partagé en mars 2019. « Établir les conditions d’une juste répartition des richesses ne pourra se réduire à des discussions sur l’intéressement et la participation. Il s’agit avant tout de la juste reconnaissance salariale du travail fourni et des compétences mises en œuvre, mais aussi du partage du pouvoir dans l’entreprise. »
Dossiers sensibles…
En attendant une nouvelle date, « il va falloir commencer dans le dur, tout de suite », glisse la CFDT. Le deuxième groupe paritaire, portant sur le « suivi des réformes », a lancé ce 30 septembre les travaux de la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage. « La ministre souhaite aborder le pilotage de France compétences et les reconversions professionnelles interbranches, rendues inévitables par la crise. La CFDT y voit, elle, l’occasion de développer et faire évoluer les dispositifs de reconversion des salariés avec une plus grande implication des territoires », appuie la délégation emmenée par le secrétaire national Yvan Ricordeau. De son côté, le Medef souhaite faciliter les reconversions professionnelles, avec la volonté assumée de revoir des pans entiers de la réforme de 2018.
Plus clivant encore, la rencontre aura porté sur le suivi de la réforme de l’assurance-chômage, dont l’exécutif a suspendu l’application jusqu’au 1er janvier 2021. La présentation des pistes de travail sur le salaire journalier de référence, la dégressivité et le bonus-malus était attendue par les organisations syndicales, qui continuent de réclamer unanimement l’abandon pur et simple de la réforme. « La bonne formule, c’est qu’on remette tout à plat, et sûrement pas en essayant de bricoler ce qui avait été mal fait par le gouvernement précédent », a redit Laurent Berger en amont de la rencontre.
… Et nouveaux venus
Le troisième chantier, le suivi du volet social du plan de relance, commencera ses travaux le 5 octobre. La déclinaison territoriale et par branches du plan sera à l’ordre du jour, avec un focus sur les jeunes. La CFDT y portera son Pack jeunes, destiné à « renforcer et améliorer l’accompagnement à l’insertion, en veillant à ce que les mesures bénéficient prioritairement aux jeunes les plus en difficulté ». Signe de la tension sociale ambiante, l’exécutif a choisi d’avancer le chantier des métiers en tension en l’intégrant aux chantiers prioritaires. Les conclusions des travaux de la Dares sur les métiers en tension, présentées début octobre au groupe paritaire, pourraient aboutir à l’identification des branches avec lesquelles travailler sur la reconnaissance des salariés de la « deuxième ligne ».
photo © Denis Allard / Réa