Négociation retraites : où en sommes-nous ?

  • Retraites

Depuis le mois de février, organisations syndicales et patronales négocient sur les retraites : pour la CFDT, c'est l'occasion de corriger les injustices de la réforme de 2023. Point d'étape sur ce que l'on appelle le "conclave retraites". 

Qu’est-ce que le conclave sur les retraites ?

Un peu d’histoire : en 2023, pour répondre au déséquilibre financier du système de retraites, le gouvernement a décidé du recul de l’âge légal à 64 ans. Pour la CFDT, c’est une mesure injuste qui fait reposer l’effort uniquement sur les travailleurs et les travailleuses, créant des inégalités. Le gouvernement a fait adopter cette réforme malgré la forte contestation dans la rue et sans véritable vote au Parlement. Ainsi, entre inégalités sociales et ressentiment politique, les retraites sont devenues un sujet qui paralyse le débat public.

Pour sortir de cette impasse, début 2025, le nouveau Premier ministre a demandé aux partenaires sociaux (organisations syndicales et patronales) d’ouvrir une négociation « sans totem, ni tabou » sur l’ensemble du dossier des retraites : l’âge, pénibilité, inégalités femmes/hommes, équilibre financier, etc. C’est cette négociation qu’on appelle le « conclave », qui a commencé mi-février et qui s'achevera mi-juin.

Pourquoi la CFDT participe encore au conclave ?

La CFDT réclame depuis 2023 l’ouverture d’une grande conférence sur les retraites. Le conclave proposé par le Premier ministre était donc une réponse favorable à cette revendication alors que les gouvernements précédents s’y étaient opposés.

Très rapidement, quelques organisations syndicales et patronales ont fait le choix de quitter le conclave : partant du principe que la négociation était condamnée à l’échec ou n’avait aucun sens. Elles ont également affirmé que c'était le rôle du Parlement de discuter des retraites et non des partenaires sociaux.

La CFDT sait que cette négociation est une négociation ardue et que l’issue est incertaine, mais nous avons fait le choix de rester. Quitter le conclave serait une trahison des travailleurs et des travailleuses qui ont manifestés en 2023.  Ne pas négocier, c’est l’assurance de l’application de la réforme de 2023 avec toutes ses injustices. L’objectif de la CFDT est d’obtenir de nouveaux droits pour les travailleurs. Et c’est en participant au conclave que cela est possible.

Que veut la CFDT ?

  • Pour les femmes

Le recul de l’âge légal à 64 ans est encore plus injuste pour les femmes que pour les hommes, rajoutant aux inégalités déjà existantes. Pour le CFDT, il faut redonner de la liberté de choix aux femmes : cela passe par une meilleure reconnaissance des trimestres maternité.

  • Pour les travailleurs et travailleuses aux métiers pénibles

Pour le patronat, la pénibilité ne se traite que par la prévention. Pour la CFDT, il faut effectivement plus d’investissement pour la prévention mais pour le moment il y a un écart entre le discours et les actes du patronat. Et, tant qu’il y aura des écarts d’espérance de vie dû à la pénibilité, cela justifiera un droit à départ anticipé : c’est ce qu’on appelle la réparation. Il faut donc plus de réparation, en plus de la prévention : pour cela, davantage de travailleurs doivent pouvoir accéder à un droit à une retraite anticipée du fait de la pénibilité de leur métier.

  • Sur l’âge

La CFDT revendique un bougé sur l’âge à la suite du décalage de l’âge légal à 64 ans. Ce sujet est le plus compliqué de la négociation, parce qu'il est lié à celui du financement et à celui des droits à départ anticipés (voir ci-dessus). Parce que l’on est dans une négociation et qu'un accord est le résultat d'un compromis entre les différentes parties prenantes, la question de l’âge fera partie d’un équilibre global dans lequel la CFDT aura à apprécier l’ampleur des droits nouveaux obtenus pour les travailleurs.

  • Sur l’équilibre financier

En 2030, le déficit projeté du système sera de 6,5 Md€ par an (15 Md€ en 2035 et 30 Md€ en 2045). Pour la CFDT, l’équilibre financier du système de retraite est nécessaire, c’est même un sujet de justice sociale. En effet, c'est l’équilibre financier qui assure la pérennité du système de retraites. Or, la retraite est la seule rémunération de celles et ceux qui n’ont pas de patrimoine ou qui n’ont pas d’autres sécurités. C'est aussi une question de justice sociale parce que le système finance des mesures de solidarité. Or, s’il n’est pas à l’équilibre, les premières dépenses qui seront attaquées seront celles de solidarité.

Comment va s’organiser la fin de la négociation ?

A la mi-mai, les partenaires sociaux ont passé en revue tous les thèmes qu’ils avaient fixé dans leur programme de travail. La négociation est donc entrée dans sa dernière phase, c’est-à-dire celle qui vise à aboutir à une conclusion. Pour cela, les partenaires sociaux vont se réunir encore à quatre reprises : les 5, 11, 12 et 17 juin.

Lors de la dernière séance, on saura si les partenaires sociaux parviennent à conclure ou non un accord. Côté CFDT, les négociateurs présenteront les conclusions de cette négociation au Bureau national pour le soumettre à validation.

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