
Covid-19 : Chez Accor, la CFDT fait vivre le collectif à distance
Au sein du premier groupe hôtelier de France, fortement impacté par la crise, le télétravail va durer, le chômage partiel aussi. La section CFDT est au cœur d’un dispositif destiné à rassurer, informer et motiver 1 400 salariés éloignés les uns des autres.

Le 16 mars à midi, les deux tours de bureaux du groupe Accor, à Issy-les-Moulineaux et Évry, se sont vidées de leurs occupants. En avril, 20 % des salariés étaient en activité partielle totale, 20 % en télétravail à temps plein et 60 % en télétravail à mi-temps. L’une des priorités de la section CFDT, majoritaire au siège avec 60 % des voix aux élections CSE, a été de ne pas laisser s’installer un sentiment d’abandon des uns et d’aider les autres à concilier vie privée et vie professionnelle. L’entreprise venait de clore, en décembre 2019, un PSE annoncé un an plus tôt. Pour accompagner les salariés inquiets quant à leur avenir, les instances représentatives du personnel avaient alors demandé la mise en place d’une cellule psychologique. « Elle a été très efficace pendant toute la durée du PSE [plan de sauvegarde de l’emploi], et nous l’avons réactivée immédiatement avec l’annonce du confinement. L’activité du siège étant ralentie, il n’était pas question de laisser les personnes seules face à leur ordinateur et leurs angoisses, explique Corine Camillato, déléguée syndicale centrale CFDT du groupe Accor. Nous organisons des séances de soutien avec la psychologue pour savoir comment les salariés vivent leur télétravail ou leur chômage, comment ils appréhendent le retour au bureau et les semaines à venir. Se connecte qui veut, mais la demande demeure forte car le télétravail va rester la règle jusqu’à septembre. Une enquête sera envoyée en juin à l’ensemble des collaborateurs sur le thème “Comment travailler autrement”. Elle permettra la mise à jour de l’accord existant sur le télétravail à partir du vécu des salariés pendant le confinement. »
La cellule de soutien donne aussi aux élus l’occasion de délivrer des informations transmises par la direction, notamment à ceux qui ne se connectent pas régulièrement sur le serveur du groupe. « Le PSE a un peu ébranlé la confiance des salariés, nous sommes devenus des interlocuteurs privilégiés sur toutes les demandes relatives aux congés, aux rémunérations et, dorénavant, sur la reprise progressive de l’activité et les annonces gouvernementales concernant le tourisme. En lien avec la déléguée syndicale de la section SMI [Sofitel-Mercure-Ibis], nous avons des informations précises sur ce qui se passe dans le réseau des hôtels franchisés », poursuit Corine.
Soutien scolaire, activités et “apéros des équipes”
Sur le plan financier aussi, des mesures fortes ont été prises avec l’appui du comité social et économique pour les salariés en activité partielle dont la rémunération a été maintenue à 100 % en avril et le sera à 90 % en mai, juin et juillet. Parallèlement, le CSE a organisé un soutien scolaire, pris en charge à 100 %, afin de soulager les salariés en télétravail ayant des enfants à charge. Et a obtenu de la direction un réaménagement du chômage partiel à partir du 1er juin pour que les personnes à mi-temps puissent travailler à 80 %. Les salariés au chômage total pourront, eux, passer à 20 %, afin de se reconnecter une à deux journées par semaine, lire leurs mails, s’informer sur des projets qui redémarrent. Pour ces derniers, le choix a été fait de réduire les contrats de prestataires en cours en vue de maintenir le plus possible de collaborateurs en place. « On sait que le chômage partiel va durer jusqu’à la fin octobre… Il faut qu’ils restent dans le bain ! », clame Corine.
Depuis que tout le monde est chez soi, la section, en lien étroit avec le service des ressources humaines, multiplie les initiatives afin d’entretenir l’esprit d’équipe et garder le lien avec chaque salarié. Les managers ont reçu la consigne de téléphoner une fois par semaine aux salariés en activité partielle. « Je m’assure que c’est fait », souligne Corine, qui les appelle de son côté pour leur donner des informations sur le groupe ou les inviter à retrouver des collègues en ligne lors des apéros des équipes. « Ils sont tous conviés à des apéros, midi ou soir. Même principe que pour la cellule de soutien psychologique, vient qui veut, mais tous se connectent. De même, tous les jours, plusieurs séances sont proposées en ligne : méditation, yoga, running, cours de cuisine… Des centaines de salariés participent à chaque session ! »
La préparation du retour physique au bureau
Enfin, la CFDT s’est mobilisée depuis plusieurs semaines avec la commission SSCT pour préparer le retour physique au bureau. Dès le 11 mai, une centaine de collaborateurs a pu revenir à Évry et à Issy-les-Moulineaux par petits groupes et sur la base du volontariat. Outre les gestes barrières et les mesures d’hygiène indispensables, un service de restauration sur place leur est proposé et les horaires de présence ont été réaménagés. Il est vivement recommandé à ceux qui viennent en transports en commun de décaler leurs horaires : on peut commencer sa journée entre 8 et 11 heures et finir entre 16 et 20 heures. Les masques que doivent porter les salariés qui se déplacent dans l’immeuble sont fournis par l’entreprise et le café est offert. Reste le problème épineux des transports. La crise sanitaire va-t-elle faciliter la négociation relative à la mobilité inscrite dans la NAO de janvier-février 2020 ? C’est le vœu de la section, qui attendait la publication du décret portant sur le forfait mobilité durable. C’est chose faite depuis le 10 mai. Elle va pouvoir le mettre à l’ordre du jour avec l’objectif renouvelé que les salariés retrouvent le plus souvent possible le chemin du bureau.
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