Il faut désormais créer les conditions d’un télétravail de qualité abonné

• Le télétravail devrait rester la règle dans les entreprises pendant les premières semaines du déconfinement.
• En temps ordinaire comme en temps de crise, il doit être mis en place dans le cadre d’un dialogue social de qualité.
• Dans un texte commun, la CFDT, la CFTC et l’Unsa ont fait connaître leurs préconisations.

Par Claire Nillus— Publié le 20/05/2020 à 13h11 et mis à jour le 14/01/2021 à 13h59

image

Ces dernières semaines, la moitié des télétravailleurs confinés chez eux pratiquait cette forme de travail à distance pour la première fois. Le nombre de télétravailleurs est passé de 1,8 million avant l’épidémie à huit millions en France. De cette expérience inédite on peut d’ores et déjà tirer plusieurs enseignements. Le premier, c’est que « la mise en place du télétravail s’est faite de façon empirique dans beaucoup d’entreprises qui n’avaient pas anticipé cette possibilité », souligne Catherine Pinchaut, secrétaire nationale.

Ainsi, tel qu’exercé depuis la mi-mars, en particulier dans les entreprises ou les administrations qui n’y ont jamais eu recours auparavant, ce travail à distance imposé s’apparente plutôt à du travail à domicile dans des conditions souvent dégradées : les salariés ne disposent pas toujours de matériel adapté ni d’un espace dédié et beaucoup d’entre eux ont dû mener de front exigences professionnelles, garde d’enfants et école à la maison.

À chaud, des constats mitigés

En avril, plusieurs enquêtes ont esquissé à grands traits ce qui a fonctionné ou non pendant cette période et ce dont il faudra tenir compte à l’avenir. Les premières réponses au questionnaire en ligne « Mon travail à distance, j’en parle ! » – réalisé entre le 1er et le 20 avril par Res publica et pour lequel Terra Nova et la CFDT sont partenaires – met en évidence la capacité des salariés à s’adapter au télétravail imposé en dépit du niveau de préparation souvent insuffisant de leurs entreprises (seulement 21 % étaient bien préparées). L’enquête révèle un autre point crucial : une majorité (60 %) ne connaît pas l’accord télétravail de son entreprise ni s’il en existe un…

Selon une consultation menée par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), la moitié des répondants s’estime plus fatiguée qu’à l’accoutumée et, parmi eux, davantage de femmes et de manageurs. Cependant, depuis le 11 mai, le télétravail est perçu comme la solution par beaucoup, notamment pour désengorger les transports en commun.

Faut-il en faire la norme plutôt que l’exception comme l’a annoncé PSA ? Dès septembre, le constructeur souhaite généraliser le travail à distance pour 80 000 salariés qui ne seraient présents sur site qu’un jour et demi par semaine… La CFDT ne cache pas son inquiétude, notamment sur la perte de lien social et la désinsertion professionnelle que pourrait entraîner un tel dispositif. « Il y a urgence à fixer des règles collectives : équipements, sécurisation des données, postes et tâches éligibles, travailleurs handicapés… beaucoup de thèmes demeurent des zones d’ombre », rappelle la CFDT-Cadres, qui précise qu’« en cas de circonstances exceptionnelles justifiant la mise en place du télétravail, il y a seulement quelques lignes dans le code du…

Pour continuer de lire cet article, vous devez être abonné.

s'abonner

Déjà abonné ? Connectez-vous