Comment combattre les discriminations syndicales? abonné

• Le 12e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi révèle l’ampleur des discriminations syndicales.
• La peur des représailles constitue le premier frein à la syndicalisation.
• Les mesures préventives et correctives restent insuffisantes. l’engagement syndical en pâtit.

Par La rédaction— Publié le 02/10/2019 à 15h43

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« Il n’est pas acceptable aujourd’hui que le fait même de se syndiquer, liberté reconnue par la Constitution, soit porteur d’un risque de discrimination, s’emporte le secrétaire national Philippe Portier. Si, dans notre pays, une partie du patronat a toujours tout fait pour s’opposer au syndicalisme, on aurait pu penser et espérer qu’avec le temps, dans une société plus moderne, ces pratiques diminuent voire disparaissent. Il n’en est rien. » Le dernier baromètre du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la perception des discriminations dans l’emploi, publié le 19 septembre dernier, le confirme. Un millier d’actifs et 33 000 personnes syndiquées ont été interrogés sur les discriminations syndicales, qui constituent le septième motif de saisine du Défenseur des droits.

Discriminations syndicales, un phénomène trop répandu


La peur des représailles, un frein à la syndicalisation

Quatre actifs sur dix et huit syndiqués sur dix considèrent que l’engagement syndical est une menace pour leur emploi ou leur carrière. Et selon 51 % des personnes interrogées, l’activité syndicale a représenté un frein à leur évolution professionnelle. Enfin, 43 % des syndiqués estiment que les relations avec leur hiérarchie se sont dégradées en raison de leur activité syndicale. Dans une moindre mesure, ce sont aussi les relations avec les collègues et les conditions de travail qui sont affectées. Les résultats de la grande enquête annuelle du Défenseur des droits et de l’OIT, à laquelle 1 000 actifs et 33 000 adhérents des huit organisations syndicales (la CFDT s’y est particulièrement impliquée) ont répondu, montre sans ambiguïté que l’engagement syndical est porteur de discrimination et d’impact sur la vie des militants. « On constate une forte disparité entre les personnes interrogées : plus l’engagement syndical est marqué et plus l’exposition au risque de discrimination est fort », indique le Défenseur des droits, qui l’an dernier a été saisi de 223 cas de discrimination syndicale (contre 181 au cours de cette année 2019). « La peur des représailles est d’ailleurs le premier frein à la syndicalisation. »

Selon Jacques Toubon, « les discriminations syndicales sont loin d’être un phénomène marginal ». Et pour cause : près d’un tiers des actifs (29 %) et une personne syndiquée sur deux (52 %) considèrent que les discriminations syndicales se produisent souvent ou très souvent ; et 46 % des personnes syndiquées interrogées affirment avoir déjà été discriminées.

Évolutions professionnelles bloquées, rémunérations moindres (d’autres études montrent qu’un délégué syndical gagne en moyenne 10 % de moins que ses collègues à poste équivalent, ce taux passe à 5 % pour les autres mandats), mutations refusées mais aussi sanctions, mises à pied, humiliations, harcèlement… : la panoplie des moyens d’intimidation est large. Selon le degré d’antisyndicalisme des directions ou des…

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