Le Congrès de la CES veut des emplois de qualité et une économie forte

Publié le 30/09/2015

Le deuxième jour du congrès a été marqué par l’adoption d’une résolution pour améliorer l’équilibre homme-femme au sein de la CES et le témoignage poignant d’une ministre suédoise, ex-réfugiée de Bosnie-Herzégovine.

Améliorer l’équilibre homme/femme dans les instances de la CES, tel était le premier travail des délégués en ce deuxième jour du Congrès de la Confédération européenne des syndicats qui se tient à Paris jusqu’au 2 octobre. Cette amélioration proposée sous forme de résolution donnant mandat à la future équipe pour modifier dans ce sens les statuts de la CES, a été adoptée à l’unanimité moins les voix des Polonais de Solidarnosc.

Le discours émouvant de l’ex-réfugiée devenue ministre de l’Education

Longuement évoqué la veille notamment par le président de la République, le thème des réfugiés est revenu dans les débats du Congrès qui devait approuver une motion d’urgence. Celle-ci réclame notamment à l’Union européenne de mettre en place des politiques proactives en matière d’asile, salue la décision de la Commission de répartir 160 000 réfugiés dans les différents pays européens, etinvite les pays de l’UE à mettre en place « une coopération plus efficace en faveur du développement des pays d’origine et affirme que lorsque les réfugiés travailleront, les syndicats les représenteront. »

Bernadette Ségol, la secrétaire générale sortante de la CES, qui proposait cette motion avait auparavant fustigé « les atermoiements honteux de certains décideurs politiques et l’exploitation inique d’employeurs et des passeurs » qui profitent de la situation de faiblesse des réfugiés. Mais c’est surtout l’intervention de la ministre suédoise de l’Education qui aura retenu l’attention des congressistes. Aida Hadzialic, ex-réfugiée de Bosnie-Herzégovine, a su trouver les mots et toucher au cœur le Congrès qui lui a réservé une standing ovation. Elle a raconté son enfance complètement perturbée par la guerre, l’exil brutal et nommé le responsable : « Le mal, c’est quoi ? C’est le nationalisme. » Mais elle a aussi dit avoir vu « le plus beau de l’humanité lorsque ce petit pays [la Suède] nous ouvert ses portes. (…) Il ne m’a pas seulement donné le droit à une éducation – qui a été pour moi la clé pour une vie meilleure – mais aussi montré que les sociétés deviennent fortes et prospères grâce à tous, indépendamment de votre passé. » Une grande leçon d’humanisme !

     


Faire face aux nouvelles organisations des entreprises 

Laurent Berger a participé à un important débat sur les nouvelles organisations des entreprises organisé par l’Institut syndical européen (Etui).  Rachat, fusion, changement de direction, de statuts juridiques, externalisation de services, révolution numérique, nouvelle gestion des ressources humaines, tout cela contribue à modifier considérablement l’organisation des entreprises, le travail et l’emploi des salariés et par conséquent celui de leurs représentants.

Dans ce débat où certains se contentent de dénoncer les méfaits qui sont réels (baisse des droits, éparpillement des salariés, dérégulations, etc.), Laurent Berger ne veut « ni haïr, ni glorifier l’entreprise », mais rappelle que pour la CFDT « l’entreprise est un bien commun. » Ces nouvelles organisations soulèvent des questions à trois niveaux, selon lui : macro d’abord et en particulier au plan européen qui doit ouvrir un maximum de droits et de garanties à tous les salariés y compris ceux qui ont des contrats atypiques ; au plan de l’entreprise où les représentants des salariés doivent être associés à la gouvernance ; enfin dans l’entreprise « où la présence syndicale aux côtés des salariés sera toujours nécessaire. »

Le secrétaire général de la CFDT a insisté sur l’importance du vote de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, notamment à l’égard de leurs sous-traitants, par le parlement français, en souhaitant que cette loi aura un effet d’entrainement sur le reste de l’Union européenne.

     


Une économie forte pour l’ensemble du monde du travail

Le premier pilier du manifeste qui devrait tenir lieu de feuille de route pour les quatre années  à venir pou  la nouvelle équipe de la CES est intitulé « Une économie forte pour l’ensemble du monde du travail. » Josef Niemiec, secrétaire général adjoint de la CES, qui le défend rappelle que « La crise sera terminée lorsque nous serons revenus au plein emploi (…) mais au rythme où c’est parti il faudra encore 15 ans pour y parvenir. » Il faut donc accélérer ce retour. Croissance trop faible, plan Juncker insuffisamment axé sur la création d’emplois, le manifeste critique la situation actuelle mais propose aussi la mise en place d’un nouvel agenda. Celui-ci met en avant la nécessité de réaliser des réformes négociées avec les partenaires sociaux pour, par exemple, réorienter les investissements du plan Juncker vers la recherche et le développement et la création d’emplois de qualité.

Ce dernier thème devait d’ailleurs faire l’objet d’une table ronde autour de laquelle les participants ont dit ce qu’est un emploi de qualité pour eux. « C’est d’abord un emploi pour tous », a répondu Yannis Pangopoulos de l’organisation grecque GSSS, qui propose d’inverser la logique qui prévaut jusqu’ici : d’abord la croissance puis la création d’emploi s. « Mettons en place un programme paneuropéen de création d’emplois aidés ou garanties qui engendreront à leur tour de la croissance », suggère-t-il. Pour Candido Mendez  de l’UGT espagnole, « il faut d’abord mettre une terme aux politiques des années 80 qui prévalent encore aujourd’hui telles la dérégulation, les privatisations. »

 

Pour Rainer Hoffmann, le président du DGB allemand, la priorité passe par « la redéfinition d’une politique industrielle, de services et de l’énergie au niveau européen ». Marie-Hélène Ska, de la CSC belge, a insisté sur la nécessité d’améliorer la coordination entre les organisations syndicales européennes  de l’Ouest et de l’Est pour faire face aux autorités politiques de l’Union.  Enfin, Lauri Lyly, de la SAK finlandaise a plaidé pour « un engagement plus fort des entreprises pour la création d’emplois de qualité. » Le Congrès a adopté ce premier du manifeste.

 

dblain@cfdt.fr