Brexit : un choix regrettable

Publié le 27/06/2016

Le 24 juin à l’aube, la nouvelle du Brexit est tombée, contredisant tous les pronostics de la City qui croyait au maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Un million de voix a fait la différence entre les partisans de la sortie (51,9 %) et les pro-Europe (48,1 %). 

Le scrutin révèle des lignes de fracture au sein même du Royaume-Uni. L’Écosse et l’Irlande du Nord se sont prononcées à plus de 60 % pour le maintien dans l’UE, contrairement au nord et au sud-est de l’Angleterre où prospèrent les thèses anti-immigration du Ukip, le parti populiste dirigé par Nigel Farage. Aussitôt après le résultat du référendum, la livre a chuté de 10,5 %, atteignant son plus bas niveau depuis 1985. La menace que fait peser le Brexit sur les économies britannique et européenne est bien réelle. « Au Royaume-Uni, une hausse du chômage et de la précarité sont à redouter, explique Yvan Ricordeau, secrétaire national chargée des questions européennes et internationales à la CFDT. De plus, une grande partie des droits sociaux dont bénéficient les Britanniques sont issus de la législation européenne. La sortie de l’Union exigera la redéfinition de la plupart de ces droits. Dans le contexte britannique politique actuel de recul de la solidarité, il est à craindre que ces droits soient revus à la baisse. »  La CFDT, qui regrette profondément le choix du Royaume-Uni, assure son soutien au syndicat britannique TUC (Trades Union Congress). « Les travailleurs ne doivent pas payer le prix fort de cette décision de sortie de l’Union européenne », a déclaré Frances O’Grady, secrétaire générale du TUC, qui appelle le gouvernement à élaborer un plan d’urgence pour préserver l’économie et sauver l’emploi au Royaume-Uni.

Pour la CES, l'UE doit agir pour améliorer le sort des travailleurs

Autre effet immédiat du Brexit, la démission du Premier ministre David Cameron. Celle-ci sera effective d’ici octobre prochain. L’ex-maire de Londres, le conservateur Boris Johnson et défenseur virulent du Brexit, est en bonne place pour lui succéder et négocier les conditions de sortie du Royaume-Uni dans un délai de deux ans, comme le prévoit l’article 50 du traité de Lisbonne. Les responsables européens ont dès le 24 juin tiré les conséquences de l’expression des urnes, appelant le Royaume-Uni à lancer rapidement les négociations de sortie, ce que les Britanniques pouvaient faire en activant l’article 50 lors du conseil européen des 28 et 29 juin. « Tout retard prolongerait sans nécessité les incertitudes », ont expliqué dans un communiqué commun Martin Schulz, président du Parlement européen, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne seront redéfinies dans un deuxième temps, sur la base d’un accord de libre-échange, à l’instar de ceux signés avec la Norvège ou la Suisse. Une période s’ouvre, pendant laquelle, selon la CFDT, il est urgent de relancer le projet européen et de redéfinir un projet politique qui aille au-delà d’un simple grand marché. 

mneltchaninoff@cfdt.fr