[Vidéo] Séminaire pour la reconnaissance d’un syndicalisme libre à Cuba

Publié le 23/10/2017 (mis à jour le 25/10/2017)

La CFDT a organisé le 20 octobre à Bruxelles dans les locaux du Comité économique et social européen un séminaire sur le monde du travail à Cuba. Faire connaitre le mouvement syndical indépendant cubain, promouvoir la plainte de ce mouvement auprès de l’OIT contre le régime et préparer une transition vers une démocratique sociale, tels étaient les objectifs de ce séminaire. 

           

« Les conventions 87 et 98 de l’Organisation internationale du travail (OIT), sur les droits à la négociation collective et aux libertés syndicales sont régulièrement violées par le régime », commence Alejandro Sanchez, l’un des principaux responsables de l’Association syndicale indépendante de Cuba (Asic). Et comme pour démontrer l’authenticité de ses propos, Alejandro précise qu’il devait venir à Bruxelles avec un autre syndicaliste cubain qui a été empêché de sortir du pays. Ce 20 octobre, Alejandro participe au séminaire organisé par la CFDT au Comité économique et social européen (Cese) sur le thème « Le monde du travail à Cuba dans le contexte des activités des entreprises internationales ».

« Ce séminaire s’inscrit dans l’action internationale de la CFDT pour le développement d’un syndicalisme démocratique et indépendant dans le monde, explique Mariano Fandos, secrétaire confédéral en charge du dossier Amériques, elle soutient tous les mouvements contre les dictatures qu’elles soient fascistes ou communistes. Avec l’Asic, nous ne soutenons pas seulement des militants courageux qui affrontent la prison, l’intimidation au quotidien, nous militons pour que le jour où Cuba ira vers une démocratie, ce soit une démocratie sociale qui tienne compte des droits des travailleurs. »

Et des droits, les travailleurs cubains en ont très peu. Bien que Cuba ait ratifié un grand nombre de Conventions de l’OIT, elles sont très mal appliquées. « Le développement d’un secteur privé est vu comme « un mal nécessaire » par les autorités », assure Joël Brito, un Cubain exilé aux Etats-Unis et membre du GIRSCC, une ONG qui défend les droits des travailleurs à Cuba. « La CTC, centrale des travailleurs de Cuba, le syndicat officiel lié au parti communiste cubain ne fait rien d’autre que de collecter les cotisations », ajoute Alejandro Sanchez. En fait, l’Etat cubain se comporte avec les entreprises étrangères comme une entreprise prestataire de main d’œuvre. Ces entreprises ne peuvent pas embaucher directement leurs salariés. Elles passent nécessairement par une négociation financière avec une agence étatique qui fournit ensuite les salariés. Les marges de manœuvre sont donc réduites pour ces entreprises œuvrant principalement dans le domaine du bâtiment et du tourisme.

Intervenir auprès des investisseurs européens

Que peuvent faire l’Europe et le syndicalisme européen pour améliorer la situation des salariés cubains ? Pour sa part, Daniele Basso, conseiller de la Confédération européenne des syndicats (CES) sur les questions des accords commerciaux répond : « En Europe, nous devons faire en sorte que les investisseurs européens à Cuba le fassent dans de manière conforme aux droits internationaux. Et l’accord commercial qui va entrer en application début novembre offre des opportunités aux investisseurs. Nous voulons que ces opportunités soient contrebalancées par des engagements. »

« C’est une bonne idée, complète le député européen d’origine espagnol, Ramon Jauregui, les organisations syndicales doivent demander et aider leurs gouvernements à imposer des conditions d’investissement à Cuba pour améliorer les conditions de travail des Cubains. Cela doit se faire dans le cadre de l’accord de coopération signé l’an passé entre l’Union européenne et Cuba. Car sans l’accord, il ne se fera rien. L’UE a tenu des positions très dures contre Cuba au cours des 15 dernières années et cela n’a absolument rien changé. »

Au total, ce séminaire aura servi de tremplin à l’Asic pour qu’un jour le régime cubain la reconnaisse comme organisation syndicale à part entière. Son intervention auprès du service de l’action extérieure de l’UE (sorte de ministère des Affaires étrangères) a été écoutée attentivement. « Reste que nous avons besoin de beaucoup de soutien pour que la plainte auprès de l’OIT contre le régime pour non-respect des conventions internationales aboutisse », estime Alejandro Sanchez.

dblain@cfdt.fr