“Le Forum social mondial a renforcé le camp des démocrates tunisiens”

Quels ont été les moments marquants de ce Forum social mondial (FSM) ?
Le premier, c’est l’organisation de ce Forum en Tunisie. Une telle initiative était impensable il y a trois ans. Deux années après la révolution, la Tunisie a organisé un Forum social avec 50 000 participants, sans incident majeur, c’est remarquable. Ensuite, le Forum syndical mondial qui a précédé le FSM a constitué un moment fort. Présidé par Houcine Abassi, le secrétaire général de l’UGTT, le Forum syndical s’est achevé sur une déclaration commune des organisations syndicales présentes. Deux importantes manifestations ont également marqué le déroulement de ce FSM : la marche d’ouverture et le dernier jour la journée de la terre des Palestiniens. La délégation CFDT y était très visible et porteuse d’un discours de paix. Cette dernière manifestation a fait l’objet d’une tentative de récupération par des islamistes qui ont finalement été écartés.
Qu’en retire la CFDT ?
La CFDT participe depuis longtemps aux FSM pour y rencontrer les militants syndicaux et d’ONG d’autres continents. C’est toujours enrichissant. Pour ce Forum de Tunis, la CFDT, est particulièrement fière d’avoir été aux côtés de l’UGTT avec qui nous coopérons depuis fort longtemps. C’est un des acteurs principaux de la révolution, il a permis que cet événement se déroule parfaitement. De plus, l’UGTT est la cheville ouvrière de ce Forum qui fait émerger de grandes questions sur le développement de la planète : l’équilibre Nord/Sud, le développement durable, les flux de population, etc. La CFDT y est très attentive. Elle y porte aussi son discours syndical sur le rôle des salariés, la place des multinationales, la responsabilité sociale des entreprises, la protection sociale, etc.
Quel bénéfice la Tunisie a-t-elle gagné en organisant ce Forum ?
Fin février, l’opposant Chokri Belaïd était assassiné. Récemment un chanteur de rap a été condamné à deux ans de prison, des journalistes sont poursuivis, des journaux sont placés sous la tutelle de l’Etat, bref, ce pays n’est pas encore une démocratie, il est dans une phase de transition. Dans ce contexte, les dirigeants de l’UGTT sont donc très fiers d’avoir organisé un événement mondial de cette ampleur. La présence massive d’organisations syndicales et d’ONG lors de ce FSM renforce le camp de ceux qui mènent le combat pour la démocratie. De plus, ils ont fait la démonstration que ce pays peut accueillir beaucoup de gens, qu’on peut y voyager en sécurité. Visiter la Tunisie aujourd’hui, c’est l’aider dans son développement.
Quel avenir pour le Forum social mondial ?
Ce Forum a pour ambition de représenter tous les continents et toutes les forces de la société civile. Il faut bien le constater : ce n’est pas le cas. L’Asie, l’Océanie et les Peco (pays d’Europe centrale et orientale) étaient peu ou pas représentés dans ce Forum qui doit s’interroger sur son rôle universel. Dans le mouvement syndical, de nombreuses délégations étaient très réduites en raison de la crise. La CFDT estime qu’il faut renforcer la place du mouvement syndical international dans le FSM et mieux l’organiser pour mieux affirmer ses objectifs.
Propos recueillis par dblain@cfdt.fr