
Le gouvernement détaille ses (nouvelles) mesures pour l’emploi
Deux jours après le discours du chef de l’Etat sur les étapes du déconfinement, Jean Castex, accompagné de plusieurs ministres, en a précisé les modalités pratiques et les incidences. Outre la réouverture des commerces, il annonce la création d’une aide exceptionnelle pour les travailleurs précaires et le doublement du nombre de bénéficiaires de la garantie jeunes en 2021.

Après l’esquisse, les contours détaillés. Alors que le pays s’apprête à assouplir ce week-end les règles du confinement décidé fin octobre, le Premier ministre a précisé à l’occasion d’une conférence de presse les principales mesures décidées par l’exécutif. A côté du renforcement des mesures de soutien aux entreprises et à l’activité, plusieurs annonces concernent l’emploi.
Réouverture des commerces
Dans les commerces, l’attente était forte. Fermés depuis la fin octobre, ceux-ci vont pouvoir rouvrir dès le 28 novembre, sous réserve d’un « protocole sanitaire renforcé, fruit des discussions avec les organisations professionnelles du secteur, » précise le gouvernement. Dans le détail, ce protocole fixe la jauge à 8 m? par client, les commerces de plus de 400 m? devant par ailleurs effectuer un comptage à l’entrée et établir, dans la mesure du possible, un sens de circulation. Sans déroger au travail de nuit, les commerces pourront par ailleurs étendre leur horaires d’ouverture jusqu’à 21 heures. Par voie de fait, "les mesures de fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces sont levées" précise Jean Castex. Cette décision avait motivé plusieurs enseignes de la grande distribution (Carrefour, Auchan...) à recourir au chômage partiel pour près de 100 000 salariés jusqu'au 1er décembre.
Quant au travail dominical, et malgré une forte offensive patronale pour déréguler le temps de travail, l’ouverture des commerces devrait se faire « à droits constants », précise la CFDT Services. Sur ce sujet, la ministre du Travail vient d’adresser un courrier au préfet demandant « d’apporter une réponse favorable à toutes les demandes […] notamment dans les communes n’ayant pas mis en place des dimanches du maire », sous réserve pour les employeurs de respecter les droits de leurs salariés en ce qui concerne le volontariat et les contreparties. En décembre, l'ouverture des commerces le dimanche est "acquise" depuis plusieurs années, moyennant contreparties pour les salariés. "Il faut un accord d'entreprise et en l'absence d'accord, il faut une rémunération doublée, un repos compensateur et au moins un jour de repos dans la semaine", a rappelé Laurent Berger. Mais la CFDT est claire: aucune dérogation ne sera possible au delà du 31 décembre. Sur la question des droits sociaux, il le Covid ne saurait tout justifier.
Une aide exceptionnelle pour les précaires
Esquissée depuis quelques jours déjà, « l’aide exceptionnelle » à destination des travailleurs précaires était restée floue. Le voile a donc été levé ce 26 novembre, avec l’annonce d’un revenu minimal garanti de 900 euros par mois courant de novembre à la fin février. Destiné aux « personnes qui ont travaillé plus de 60% du temps au cours de l’année 2019 mais qui n’ont pas travaillé suffisamment en 2020 pour recharger leurs droits du fait de la crise », le dispositif versé tous les mois par Pôle emploi devrait concerner de 300 000 à 400 000 travailleurs précaires, dont 70 000 jeunes, précise le ministère du Travail. Sont ciblés ici les saisonniers, extras, étudiants et autres travailleurs précaires sur lesquels la CFDT alerte régulièrement les pouvoirs publics depuis le début de la crise sanitaire. "Ce soutien financier répond en partie à une situation d'urgence pour ceux qui subissent de plein fouet la forte flexibilité de certains secteurs, et qui, du fait de la crise sanitaire, voient une grande partie de leur activité professionnelle totalement à l'arrêt", a réagi la CFDT à ces annonces. A noter toutefois qu’en cas de reprise d’emploi, le revenu issu de cette reprise d’emploi sera pris en compte (à hauteur de 40% du montant perçu) dans le calcul du revenu minimum, précise le ministère.
Hasard du calendrier, cette annonce intervient au lendemain de la décision du Conseil d’Etat d’annuler deux mesures phares de la réforme d’assurance chômage de juillet 2019, à savoir le bonus-malus et les modalités de calcul du salaire journalier de référence (SJR) – cette dernière s’avérant particulièrement pénalisante pour les travailleurs alternant périodes d’activité et de chômage. « Jusqu’alors, le gouvernement était resté sourd à nos mises en garde sur l’impact réel d’une réforme budgétaire sur les personnes concernées. Cette réforme est aujourd’hui en partie annulée », se félicite la CFDT, qui renouvelle au gouvernement sa demande d’abandon de la réforme et non d’un simple ajustement paramétrique.
Une extension de la garantie jeunes
Alerté, là encore par les partenaires sociaux et le milieu associatif, des « situations particulières de certains jeunes que les dispositifs généraux ne permettaient pas de prendre en considération », le gouvernement a choisi de renforcer le volet insertion du plan jeunes. Dès 2021, 200 000 jeunes pourront bénéficier de la garantie jeunes (soit le double de ce qui était initialement prévu pour 2020, et 50 000 de plus que ce que prévoyait le plan « un jeune, une solution » présenté fin juillet). La garantie jeunes, qui permet aux jeunes de 16 à 25 ans n’étant ni en emploi, ni en études, ni en formation de conjuguer, pendant un an, une allocation mensuelle (d’un montant maximal de 484 euros) et un accompagnement renforcé, est un dispositif porté par la CFDT depuis la conférence sociale de 2012.
Parallèlement, une aide financière d’urgence pour les étudiants en situation de précarité sera débloquée, et pourrait concerner 45 000 jeunes supplémentaires. Enfin, notant que « la crise économique pénalise l’insertion des jeunes sur le marché du travail », le gouvernement annonce une aide aux « jeunes diplômés qui ont fini leurs études et ont de vraies difficultés à trouver leur premier emploi » sous la forme d’un accompagnement par Pôle emploi et un appui financier pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois.