Pacte du pouvoir de vivre : Faire vivre la démocratie
Le 5 mars, le Pacte du pouvoir de vivre fêtait sa première année d’existence. À l’occasion des élections municipales, les signataires ont présenté dix mesures sociales et environnementales à mettre en place dans les communes.

Le 5 mars, les organisations du Pacte de pouvoir de vivre se sont retrouvées aux Grands Voisins, à Paris, pour souffler la première bougie du collectif. Un an plus tôt, la CFDT et 18 organisations issues de la société civile décidaient de travailler ensemble en vue de répondre à l’urgence sociale et écologique que connaît le pays. « Une initiative extrêmement bienvenue, qui met l’ensemble des familles autour d’objectifs communs, rappelle-t-on du côté d’Oxfam France. Le Pacte, c’est l’espoir. » Garantir un bouclier de services publics dans tous les territoires, construire une solidarité intergénérationnelle, accueillir dignement les migrants ou développer des mobilités plus durables et sortir de la dépendance aux énergies fossiles… Les partenaires présentaient alors 66 propositions afin de donner à chacun le pouvoir de vivre. Puis, à l’occasion d’un tour de France du Pacte, ils se sont mobilisés au sein des territoires pour rencontrer et convaincre les acteurs.
Des solutions à chercher ensemble
Aix-en-Provence, Bordeaux, Caen, Dijon, Liévin, Nancy, Nantes… 2 600 personnes au total sont venues échanger et proposer. « Nous n’avons pas toutes les solutions, on est là pour les chercher ensemble ! », explique Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. Le collectif s’est d’ailleurs bien étoffé : 55 organisations, représentant des millions de militants et de bénévoles, portent « cette vision commune d’un nouveau projet de société, se félicite le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Et nous sommes décidés à faire entendre ce besoin de transformation dans les territoires et les entreprises ». C’est parce que cette énergie et cette ambition commune ne faiblissent pas que les organisations ont décidé, à l’occasion du premier anniversaire du Pacte, d’interpeller les candidats aux élections municipales, les 15 et 22 mars prochains, en présentant dix mesures écologiques et sociales incontournables. « Nos propositions sont valables pour tous les territoires, du petit village à la capitale, insiste Christophe Robert. Partout les gens galèrent en silence, partout les gens rament. »
L’échelon local, un formidable levier d’action
Or c’est là l’ambition du Pacte du pouvoir de vivre : bâtir un cadre commun protégeant notre avenir et celui des générations futures, remettre l’exigence de justice sociale et l’environnement au cœur de l’économie, cesser de faire du court terme l’alpha et l’oméga de nos politiques publiques et partager le pouvoir afin que chacun puisse prendre sa part à la transformation de nos vies et de notre quotidien. Selon les différentes organisations, les élections municipales constituent une opportunité dont les citoyens doivent se saisir pour peser sur leur préoccupation du quotidien : alimentation saine, mobilités douces, logement digne, accès de tous aux soins. Si les futurs édiles, qui seront à la tête de leur mairie pour les six prochaines années, ne peuvent pas tout, ils ont le pouvoir d’agir à leur niveau. « Une grande partie des solutions à la crise sociale, écologique et démocratique se trouve à l’échelle locale, formidable terrain du pouvoir d’agir ! », estiment les membres du Pacte. Comment ? En cessant d’opposer le social et l’écologique. « Il n’y a pas d’un côté la question de la fin du monde et de l’autre celle de la fin de mois, les deux enjeux sont les deux faces d’une même pièce, s’alimentant et se combinant. »
« Dans une commune, donner le pouvoir d’agir, c’est à la fois œuvrer pour que chacun puisse se déplacer facilement, à pied, à vélo, en transports en commun et garantir aux écoliers et aux lycéens une alimentation bio, locale, socialement responsable. C’est à la fois donner accès à la santé et aux soins […] et permettre à chacun de se loger à un prix décent sans être victime de la précarité énergétique. » Ces propositions font sens si on ne les dissocie pas, prévient Jean-Baptiste de Foucauld, du Pacte civique, en prenant l’exemple d’une alimentation de qualité. « Manger des produits locaux et bio, c’est bon en matière de santé, d’emploi et d’environnement ! Pourquoi s’en priver ? Le maire peut faire changer les choses dans les crèches, les cantines scolaires… Ce sont de formidables leviers. »
Pour mener à bien ces multiples chantiers, les partenaires du Pacte insistent sur la nécessité de renforcer la démocratie de proximité. Ils demandent que l’implication des citoyens dans les choix de politiques publiques locales soit renforcée, en allouant par exemple 10 % du budget communal à la démocratie participative. « Il faut donner les moyens au dialogue et à l’échange, souligne Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif. Ce type de mesure est indispensable pour recréer du lien et renouer la confiance entre les élus et les citoyens. » Même si cela suppose d’en assurer un suivi strict, car entre les mesures annoncées et celles effectivement appliquées par les nouvelles municipalités, le fossé peut être énorme, note Orlane François, présidente de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). « C’est facile pour un candidat de tenir un discours écologiste et social, mais il faut des actes. Nous y veillerons. »
Faire société autrement, relever les défis de demain
Laurent Berger ne dit pas autre chose : « Notre engagement sera total pour mettre les élus au pied du mur. » Convaincues qu’il est possible de faire de la politique et faire société autrement, les 55 organisations du Pacte du pouvoir de vivre appellent les citoyens à donner de la voix pour relever les défis de demain. « Nous sommes 47 millions à pouvoir agir pour plus de démocratie, d’écologie et de justice sociale ! »