La CFDT amplifie sa coopération avec l'UGTT

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Les 7 et 8 novembre, François Chérèque lançait officiellement à Tunis la coopération entre la CFDT et l'Union générale tunisienne du travail. Ce projet doit aborder dans les deux prochaines années les thèmes sociaux et syndicaux indispensables au processus de transition démocratique.

Côte à côte, ils ont créé l’événement. À peine plus de deux mois après la signature à Paris d’un protocole de coopération avec l’Union générale tunisienne du travail, François Chérèque a de nouveau rencontré Houcine Abbassi, son homologue tunisien, pendant deux journées de travail qui marquent le lancement officiel du projet de coopération entre les deux organisations. Début novembre, une dizaine de représentants confédéraux et fédéraux de la CFDT (issus de la FGMM, de la FGA, d’Interco, de la FGTE et de la F3C) sont en effet venus échanger avec les responsables de l’organisation tunisienne autour du calendrier 2012-2013 de ce projet, portant tant sur des questions interprofessionnelles que sur des problématiques internes à l’organisation amie.

Un interlocuteur incontournable

« Les révolutions arabes ont ouvert des perspectives dont peut bénéficier le syndicalisme indépendant. Mais les processus de transition en cours nécessitent la mobilisation des sociétés civiles face aux tentatives politiques de retour en arrière. Selon la CFDT, il y a urgence à aider les syndicalistes de ces pays, qui sont une des principales forces au sein de la société civile œuvrant en faveur de la transition démocratique, résume Philippe Réau, du service international de la Confédération. Aujourd’hui, plus que jamais, l’UGTT doit être sérieusement épaulée dans son rôle d’acteur incontournable de la société tunisienne. » Or la transition démocratique ne va pas de soi, quand aux régimes totalitaires de Bourguiba puis de Ben Ali – et son inévitable lot d’attaques répétées contre les droits fondamentaux – succède une nouvelle donne politique à travers laquelle, c’est le moins que l’on puisse dire, le parti au pouvoir ne semble pas chercher plus que ses prédécesseurs à conforter les droits sociaux et à protéger les libertés fondamentales.

Outre les relations historiques que les deux organisations syndicales ont tissées au fil du temps (lire l’encadré), la CFDT voit dans l’Union générale tunisienne du travail un acteur à la fois absolument incontournable et représentatif de la société civile tunisienne.

« Je n’ai rencontré que l’UGTT parce que nos relations durent depuis près de soixante-dix ans et il n’y a pas de raison de changer d’interlocuteurs syndicaux. Je pense que la pluralité syndicale est à l’intérieur de l’UGTT, qui a des tendances en son sein, et je souhaiterais que cette pluralité reste dans l’UGTT », a expliqué François Chérèque dès son retour de Tunis.

Quoi qu’il en soit, les défis que doit relever l’UGTT sont multiples. Socialement parlant, la révolution du jasmin a mis en évidence de nombreuses carences en matière de protection sociale, d’indemnisation du chômage ou encore de paritarisme. La victoire du 14 janvier s’est accompagnée d’importantes avancées sociales – revalorisation du Smic, fin d’une pratique systématique de la sous-traitance, etc. – qu’il faut consolider et accompagner. Sans parler de l’afflux de nouveaux adhérents venus à l’UGTT… C’est justement l’objet du projet de coopération. Entre autres grâce à l’expertise que la CFDT s’est engagée à fournir1, les organisations vont dans les prochains mois mener de front plusieurs travaux ayant trait au dialogue social, à la négociation de régimes de retraite, à la mise en place d’un système d’assurance-chômage ou à la révision du code du travail. Fin août, à l’occasion de la signature du protocole de coopération, Houcine Abbassi confiait déjà son souhait de voir réviser « certains pans des conventions collectives pour y intégrer des aspects relatifs aux relations de travail, au droit de grève ».

Des changements en perspective

L’UGTT doit également opérer des changements en interne. Son fonctionnement très centralisé, pertinent à l’époque du régime autoritaire de Ben Ali, se révèle aujourd’hui inadapté lorsqu’il s’agit de mener des négociations tant à l’échelon des branches que des entreprises. Au-delà de la réforme statutaire qui doit inscrire dans les textes la mixité au sein de l’organisation ainsi qu’aux postes de responsabilité, l’UGTT se prépare donc à une réforme interne d’ampleur : accueil des nouveaux adhérents et intégration des jeunes, développement de la formation syndicale, renforcement de la communication… Bien entendu, ces chantiers en rappellent furieusement d’autres ; pouvaient-ils être valablement soutenus par une autre organisation syndicale que la CFDT ?

(1) Pilotées par l’Institut Belleville, les expertises impliqueront la Confédération et certaines fédérations en fonction des thématiques abordées.

Un geste symbolique apprécié

Lors de son séjour à Tunis, François Chérèque a remis à Houcine Abbassi un dossier d’archives confédérales évoquant les relations entre les deux organisations. Cette histoire-là commence dès la création de l’UGTT, en janvier 1946, avec l’engagement de militants CFTC dans l’ex-CISL (Confédération internationale des syndicats libres). La majeure partie des archives de l’UGTT ayant été dispersée pendant les années de dictature (quand elles n’ont pas été détruites), la CFDT témoigne, à travers ce geste symbolique, de la constance de relations avec l’organisation tunisienne qui durent depuis plusieurs décennies

 

 


 

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