VTC : La mobilisation continue

Publié le 21/12/2016

Cela fait plusieurs mois que la CFDT réclamait la mise en place d’un dialogue social dans le domaine des VTC. Pour l’heure, pas de sortie de crise en vue, et la mobilisation contre Uber, principal acteur du secteur, va se poursuivre.

Qu’ils soient salariés ou indépendants, tous les chauffeurs de VTC dépendent des plateformes qui fixent les prix de la course et prélèvent des commissions.
« Le travail indépendant doit permettre à chaque travailleur d’avoir le libre choix de ses clients tout en lui garantissant un salaire digne. Dans le secteur du VTC, ce n’est pas le cas », explique Fabian Tosolini, de la Fédération générale des transports et de l’environnement. « Dans ce domaine, tout est à construire en matière de protection sociale. Depuis 2015, la politique tarifaire pratiquée par les plateformes, Uber en tête, a fragilisé les travailleurs qui multiplient les heures mais n’arrivent pas à vivre correctement de leur activité. » Jusqu’à maintenant, les différents acteurs ne s’étaient jamais mis autour d’une table pour en discuter. Pour la première fois, à l’initiative de la CFDT, Uber, entreprise dominante du secteur soucieuse de contrer la grogne des chauffeurs, a rencontré une délégation de la CFDT le 12 décembre dernier. « Ils ont écouté ce que nous avions à leur dire mais ils n’ont pas donné de garanties sur la volonté de mettre en place un vrai dialogue social, impliquant leur responsabilité sociale dans cette profession où en tant que leader, ils mènent la danse », poursuit Fabian Tosolini. Par ailleurs, depuis plusieurs mois, la CDFT a travaillé sur la proposition de loi du député Laurent Grandguillaume sur « le transport public de particulier » pour clarifier les pratiques. Elle a aussi fait savoir au gouvernement qu’elle pensait que seul un dialogue sectoriel permettrait de traiter, outre la tarification, les questions de protection sociale, de reconnaissance du métier de VTC et de rentabilité de leur activité.

Uber campe sur ses positions

Annoncée par l’entreprise américaine au début du mois, l’augmentation des commissions prélevées par Uber, et non compensées par l’augmentation du prix de la course, a mis le feu aux poudres. Les chauffeurs se sont mobilisés à plusieurs reprises sous des formes diverses à l’appel de différentes structures syndicales ou associatives.

Dans un premier temps, la CFDT avait fait le choix d’appeler à une déconnexion le 15 décembre afin de peser sur le chiffre d’affaires des plateformes.

Après deux réunions de sortie de crise au secrétariat d’Etat des transports lundi et mardi dernier, aucune solution n’a été mise sur la table par Uber. L’entreprise a annoncé « un fonds de soutien de deux millions d’euros » pour les chauffeurs en difficulté sans plus de précision et a affirmé qu’elle ne modifierait pas sa politique tarifaire. Un médiateur a été nommé pour mettre en place un calendrier de discussions dès aujourd'hui. Il s’agit de Jacques Rapoport, l'ancien président de SNCF Réseau, qui devra s’atteler à déminer les quatre sujets qui fâchent : la tarification, les conditions de déconnexion des plateformes des chauffeurs, la protection sociale et les charges.

En attendant, le bras de fer continue.

Les chauffeurs ont décidé de nouvelles actions vendredi. De son côté, la CFDT appelle à une mobilisation avec invitation à se déconnecter massivement des plateformes dès 4 heures du matin. « Elle organisera un barrage filtrant aux abords de Roissy, pour expliquer la démarche aux chauffeurs et les inviter à rejoindre notre mouvement », conclut Fabian Tosolini.

cnillus@cfdt.fr