[Vidéo] Journée “Résolument connecté-es”, le syndicalisme au tournant du numérique

Publié le 23/09/2016 (mis à jour le 04/10/2016)

« Scandale à l’entreprise So French Touch ! La presse a révélé qu’elle employait des travailleurs non déclarés et vous êtes mis en cause en tant que représentant syndical. Vous avez quelques minutes pour réagir sur les réseaux sociaux avant que le maelström médiatique se déchaîne ! »

C’est sur ce scénario fictif que près de 150 militants se sont prêtés, lors de la journée Résolument connecté-es, coorganisée par la Confédération et l’Union régionale Île-de-France, le 22 septembre, à un jeu de rôle grandeur nature, véritable plongée dans les méandres de Facebook et Twitter. Une manière ludique de se former à ces potentielles vitrines du savoir-faire syndical CFDT, mais qui ne constituent que la partie émergée de la révolution numérique.

Défis posés au syndicalisme

           

Car, a rappelé Laurent Berger, derrière ce terme se cache « une transformation profonde des chaînes de valeur, des usages ou des organisations de travail. Ce bouleversement, aucun secteur n’y échappe, le syndicalisme pas plus que d’autres ».
Entre militants aguerris et néophytes en matière de réseaux sociaux, la matinée a mis en lumière une partie des défis posés au syndicalisme. « Je ne peux pas tweeter si on n’a pas eu un débat de section au préalable », a lancé une militante. « C’est plus simple de faire un tract et de le distribuer à la sortie de l’usine », a jugé un autre. Articulation entre le temps du débat démocratique et l’immédiateté des réseaux sociaux, proximité aux salariés, fonctionnement du collectif, multiplication des sollicitations, accélération des interactions, gestion du temps militant… autant d’équilibres nouveaux à trouver.

Cette réflexion sur les risques et opportunités du numérique sur les pratiques syndicales, les participants l’ont poursuivie l’après-midi au cours d’ateliers participatifs. Exprimant des appréhensions tout en étant conscients des perspectives nouvelles d’action ainsi offertes. « Grâce au numérique, on peut toucher des salariés qu’on ne voit pas sinon dans l’entreprise », a souligné un participant. « On ne doit pas abandonner nos anciennes pratiques syndicales. Le numérique n’est qu’un plus », a conclu un autre. De ces travaux sont remontées de multiples demandes d’accompagnement, de formation, de mutualisation d’outils et d’expériences. Autant d’expressions qui vont nourrir le travail engagé sur le nouveau schéma directeur des systèmes d’information, que Laurent Berger souhaite construire « avec ceux à qui il est destiné, avec vous ». Garant de cette démarche, Jean-Paul Bouchet, membre du Bureau national, a insisté sur le fait que « prendre en compte les usages, pratiques et besoins de chacun, c’est l’essence même de ce schéma directeur si nous voulons être à la hauteur de notre devoir d’efficacité. La question est “comment le numérique permet de faire encore mieux ensemble et avec tous ?” ». Le travail d’écoute des militants va donc se poursuivre, tandis que d’autres projets sont sur les rails : Spoc sur la modernisation du dialogue social, plateforme collaborative à venir sur l’évolution de l’organisation. Comme l’a souligné la secrétaire nationale Marylise Léon, « il y a un tournant numérique à prendre pour le syndicalisme, et cette journée n’est que le début ».

aseigne@cfdt.fr