Jean-François Samson de Pouqueville est l’un des premiers à avoir créé un Pôle mobilité en partenariat avec Pôle emploi. Reportage au Havre.
Il y a dix ans, Jean-François Samson de Pouqueville, aujourd’hui président de la Fédération des entreprises d’insertion de Normandie, fondait sa première société : une entreprise de nettoyage automobile sans eau, à partir de produits bio. Cette petite structure employait alors 30 personnes. Rapidement, il constate que procurer une activité économique pour aider les personnes éloignées de l’emploi à s’en sortir se révèle insuffisant. Les salariés doivent d’abord pouvoir se déplacer : « Pour développer leur employabilité, il fallait leur permettre de passer le permis B. Et là, j’ai compris que c’était à la fois une clé d’accès à l’emploi et un véritable parcours du combattant : le coût, la difficulté de l’examen, puis l’achat d’une voiture et l’entretien du véhicule, autant d’étapes que les personnes que nous accompagnons ne pouvaient pas franchir seules. »
Les agences d’intérim, même pour un emploi qui ne requiert pas l’usage d’une voiture, privilégient le candidat titulaire du permis de conduire. Le permis est même souvent le seul diplôme qui figure sur le CV des personnes peu qualifiées. « Sachant que ces personnes habitent généralement dans des quartiers excentrés et éloignés des zones d’emploi, les difficultés de mobilité ne constituent pas simplement un verrou parmi d’autres, mais bien l’un des principaux facteurs d’exclusion professionnelle. De plus, les emplois qu’on leur propose sont souvent à horaires atypiques, sur plusieurs sites (service à la personne) ou dans des zones d’activités éloignées des centres-villes et uniquement desservies par la route. »…