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Parcours pro : comment évoluer avec un handicap ?

Publié le 21/12/2017

Le 7 décembre à la Bourse du travail de Paris, la CFDT Île-de-France a tenu en partenariat avec l’Agefiph sa rencontre annuelle sur le handicap, axée pour cette édition sur la formation et la sécurisation des parcours professionnels.

Près de 80 militants ont participé aux échanges le matin et aux ateliers de sensibilisation l’après-midi.

Michèle Berrada, secrétaire régionale en charge du handicap, dresse tout d’abord quelques constats inquiétants sur le sous-emploi des travailleurs handicapés. « Seulement 35% des personnes en situation de handicap, en âge de travailler, occupent aujourd’hui un emploi en Île-de-France », alerte-elle. Le nombre de demandeurs d’emploi handicapés est aussi en augmentation constante et le chômage de longue durée reste très élevé (deux ans et deux mois en moyenne). « Sur le marché du travail, les travailleurs handicapés sont souvent âgés − 46% ont 50 ans ou plus − et ont un faible niveau de formation − 25% d’entre eux seulement ont un niveau supérieur ou égal au bac, analyse Éric de Chateauvieux, chargé de mission et animateur du groupe ressources handicap régional. D’autres facteurs jouent, comme les a priori sur le handicap ou encore les lieux de travail trop souvent inadaptés ».

FORMATION : ZOOM SUR LES DISPOSITIFS
Vincent Pigache, secrétaire général de l’union départementale des Hauts-de-Seine et membre du Coparef, présente ensuite les dispositifs de la formation professionnelle. En premier lieu desquels, le Compte personnel de formation (CPF), droit créé en 2014 et qui suit le salarié durant toute sa carrière. « Le CPF se révèle utile pour des formations courtes, décrypte Vincent. Chaque salarié voit son compte créditer automatiquement de 24h par an, voire plus dans le cas de travailleurs handicapés qui peuvent recevoir un abondement de l’Agefiph ». À noter : il sera ouvert, dès le 1er janvier 2018, aux agents du public.

Plus ancien et accessible aux travailleurs du public comme du privé, le Congé individuel de formation (CIF) se montre, lui, parfaitement adapté aux reconversions. « Il permet de bénéficier jusqu’à un an de formation à temps complet, avec maintien de salaire garanti. C’est un dispositif ouvert aux salariés en CDI mais aussi − on le sait moins − aux salariés en CDD, avec les mêmes droits », éclaire Vincent, qui précise néanmoins que « son avenir est aujourd’hui suspendu aux négociations en cours avec le gouvernement ». Sont aussi mis en avant : la Validation des acquis de l’expérience (VAE) ; l’apprentissage, accessible aux travailleurs handicapés sans limite d’âge ; ou encore le socle de compétences de base CLéA, mobilisable sur le temps de travail, avec salaires et frais pédagogiques pris en charge par l’employeur (contrairement au CPF).

VERS UN PORTAIL UNIQUE D'ACCOMPAGNEMENT
En termes d’accompagnement des personnes en situation de handicap, un éclairage spécifique est porté sur les réseaux Cap emploi, en charge de l’insertion professionnelle, et Sameth, qui assurent le maintien en emploi et/ou le reclassement. Bruno Grollier, directeur de Cap Emploi 91, rappelle que, dans le cadre de la loi Travail, les missions des Cap Emploi et Sameth seront regroupées. « L’idée est d’avoir un guichet unique, résume-t-il. Cette simplification offre une meilleure visibilité aux usagers et aux entreprises et devrait contribuer à améliorer la sécurisation des parcours et la prévention de la désinsertion professionnelle ».

Aux côtés du futur opérateur de placement spécialisé, les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) restent un interlocuteur privilégié des salariés handicapés. Elles peuvent − parmi d’autres actions − désigner un référent professionnel chargé de suivre le demandeur d’emploi et/ou salarié en situation de handicap et d'orienter vers le dispositif le plus adapté. Le travailleur handicapé a également la possibilité de solliciter le nouveau dispositif d’emploi accompagné, après décision de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicap (CDAPH).

L'AGEFIPH, UN SOUTIEN INDISPENSABLE
Pour les entreprises, partenaires sociaux et personnes handicapées, l'Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées (Agefiph) propose un large spectre d’interventions sur tout le territoire. Coopérant avec des acteurs de l’emploi, de la formation et de la compensation du handicap, l’association peut apporter des aides concrètes, financières ou logistiques, allant de l’adaptation du poste de travail au tutorat d’entreprise. Sur la question de l’accessibilité des locaux aux personnes à mobilité réduite, Olga Alvarez, chargée d’études à l’Agefiph, souligne que l’association peut rappeler la loi mais ne fait pas autorité. Ce que regrette une militante, non-voyante, qui voudrait aussi imposer aux constructeurs de logiciels informatiques un cahier des charges plus contraignant. « On est déjà moins handicapés quand les outils sont accessibles ! », interpelle-t-elle.

Claire-Lise Bae, responsable de la mission handicap et emploi à la SNCF, conclut les échanges en projetant un film sur un dispositif de formation pour personnes en situation de handicap – « Hantrain » − lancé en 2012 dans l’entreprise. « Nous sommes partis du constat qu’il était difficile de trouver des personnes en situation de handicap formées à nos métiers, indique-t-elle. C’est pourquoi nous avons lancé ce dispositif de reconversion en alternance, avec remise à niveau, tuteur formé et engagement d’embauche à la clé en cas d'obtention du diplôme ». Une école de la seconde chance, en somme, qui peut donner des idées pour l’action syndicale.

LA CFDT AGIT AUSSI DANS LES INSTANCES

« Nous travaillons à renforcer les niveaux de qualification des personnes en situation de handicap, en essayant d’améliorer l’accès à l’apprentissage par exemple, indique Michèle Boulez, mandatée au Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Crefop) et au Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH). Nous avons aussi créé un groupe de parole d’utilisateurs car, qui mieux que les personnes handicapées peuvent expliquer leurs difficultés aux institutionnels ? », questionne-t-elle. Que ce soit au Crefop, au Ceser, à l’Agence régionale de santé (ARS) ou à l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract), la CFDT pèse dans les politiques d’insertion des personnes en situation de handicap. « Nous appelons à aborder la question de manière transversale, martèle Michèle Boulez. C’est tout le regard de la société sur le handicap qu’il faut changer. »