Tous dans les starting-blocks pour le congrès de Rennes

Publié le 16/05/2018

À moins de deux semaines du 49e congrès confédéral, le Bureau national a définitivement arrêté le projet de résolution et les quinze débats qui seront soumis aux congressistes. Et à la veille d’éclaircir la feuille de route des quatre ans à venir, du 4 au 8 juin à Rennes, la CFDT fait évoluer la manière de comptabiliser ses adhérents, pour plus de transparence.

Rennes restera sans aucun doute dans les congrès marquants de la CFDT. Ne serait-ce que parce que pour la première fois dans l’histoire du syndicalisme, la CFDT est la première organisation syndicale des salariés du privé. Et qu’elle entend bien transformer l’essai en devenant première organisation syndicale de tous les travailleurs, à l’issue des élections professionnelles dans les fonctions publiques de décembre prochain. Bien entendu, il ne peut être fait abstraction du contexte, avec un exercice du pouvoir très vertical qui peine à reconnaître leur rôle aux corps intermédiaires.

Le congrès, vitrine du syndicalisme CFDT

Plus que jamais, la CFDT va donc avoir l’occasion, lors de ce 49e congrès confédéral, du 4 au 8 juin, de montrer sa capacité à conduire des débats de fond en son sein, à arrêter des positions fortes, à se projeter dans l’avenir et à incarner un syndicalisme proche des travailleurs qui contribue à l’intérêt général. Lors de sa session du 15 mai, à l’issue de la commission des recours qui s’est tenue la veille, le Bureau national a définitivement arrêté le projet de résolution et les quinze amendements en débat qui seront soumis aux congressistes.

Deux d’entre eux (taxe robot et revenu universel) témoignent des interrogations que soulève la révolution numérique en ce qui concerne la pérennité de notre modèle de protection sociale. Trois autres portent sur les régulations à apporter dans l’entreprise : comment réduire les écarts de rémunération dans les entreprises ? Comment conditionner efficacement les aides aux entreprises ? Comment articuler action syndicale et médiation pour la résolution des conflits ? Au cœur de l’actualité à venir, la création d’un régime de retraites unifié sera également débattue. Plus sociétales mais non moins essentielles, les questions de la fin de vie et des statistiques ethniques seront également en débat. Il en sera de même en ce qui concerne l’Europe, autour de la nécessité de doter la zone euro d’une capacité budgétaire.

Une CFDT à la hauteur

Signe que le syndicalisme est plus que jamais à un tournant et que la CFDT entend être à la hauteur des défis à relever, sur les quinze amendements retenus pour débat, six concernent la vie interne de l’organisation : la structuration et les ressources des syndicats ; la syndicalisation et la représentation des freelances ; le suivi de la relation aux sympathisants ; la mise en œuvre d’une stratégie prioritaire d’action en direction des cadres ; l’accompagnement des militants ; et, enfin, l’objectif de développement du nombre d’adhérents. De ce point de vue là aussi, le congrès de Rennes sera marquant. Car si la CFDT entend se fixer un objectif collectif ambitieux de développement pour les quatre années à venir, elle va partir d’une comptabilisation renouvelée de son nombre d’adhérents. Depuis de nombreuses années, des voix s’élèvent pour mettre en cause le nombre d’adhérents réels des organisations syndicales. La CFDT a toujours été transparente : depuis 1988, le nombre d’adhérents CFDT est calculé en divisant par huit le nombre de cotisations encaissées sur un exercice. Un ratio établi empiriquement sur la moyenne du nombre de mois de cotisations versées chaque année par les adhérents. Or, au fil du temps le nombre réel moyen de cotisations par adhérent a augmenté pour se situer aujourd’hui autour de onze, notamment grâce au développement du prélèvement automatique (Service+).

Partant de ce constat, le Bureau national a décidé, en septembre 2017, de faire évoluer le mode de calcul du nombre d’adhérents de la CFDT afin d’adopter une règle claire, compréhensible et vérifiable. La nouvelle méthode de calcul consiste à lier deux indicateurs : le nombre d’adhérents présents dans Gasel à travers le fichier national d’adhérents et le nombre de cotisations effectivement réglées au cours d'un exercice. Une pratique rendue possible autant grâce aux efforts des syndicats pour fiabiliser les données financières et sur les adhérents, que parce que la CFDT s’est dotée avec Gasel d’un outil unique dans la sphère syndicale mais aussi politique lui permettant de disposer d’un référentiel partagé des adhérents et de la possibilité de les compter. Mise en œuvre pour la première fois cette année, la méthode permet en outre que le nombre d’adhérents de la CFDT soit attesté par les commissaires aux comptes. Pour 2017, la CFDT compte donc 623 802 adhérents, dont 83,54 % ont réglé onze mois de cotisation ou plus sur l'année. Un chiffre quasi à l’étale comparé à ce qu’il aurait été en 2016 selon la même méthode (629 612, soit une baisse de 0,92 % entre 2016 et 2017).

Un chiffre incontestable

Dix ans après la réforme de la représentativité, la CFDT franchit ainsi un nouveau pas dans la légitimation et la transparence des organisations syndicales. C’est à travers la position commune signée par la CFDT et la CGT côté syndical, qui asseyait la représentativité des organisations syndicales sur le vote des salariés, que s’était imposée la transparence des comptes des organisations syndicales et patronales (règle que la CFDT avait, déjà, anticipée de plusieurs années). La CFDT avait de nouveau été à la manœuvre pour généraliser la transparence des comptes des comités d’entreprise. Aujourd’hui, à la veille de son 49e congrès, elle fait ce choix d’une nouvelle méthode de calcul de son nombre d’adhérents, aboutissant à un chiffre incontestable, attesté par les commissaires aux comptes. Ce faisant, la CFDT opère un choix de cohérence, dans la continuité de son exigence de transparence. Ne reste plus qu’à souhaiter que ce choix amène les autres organisations syndicales à cette même transparence. De son côté, la CFDT fait en sorte que sa voix soit entendue sur le fond plutôt que sur de vaines polémiques qui cachent la forêt de ce qu’incarne le syndicalisme.

aseigne@cfdt.fr