Élections TPE : La campagne change de braquet

Publié le 14/09/2016

Cet automne, les élections TPE, qui se dérouleront du 28 novembre au 12 décembre, sont la priorité de toute la CFDT. La semaine d’actions du 26 au 30 septembre marque le lancement d’une nouvelle phase de mobilisation.

« Pour le calcul de la représentativité, en 2017, les élections TPE sont capitales : c’est le résultat de ce vote qui déterminera si la CFDT parvient ou non à devancer la CGT sur l’ensemble du secteur privé, explique la secrétaire nationale Marie-Andrée Seguin. N’oublions pas qu’en 2012 la CGT a fini 10 points devant la CFDT. Au cours des deux mois et demi qui nous séparent du scrutin, la mobilisation de toute la CFDT est indispensable parce que rien n’est acquis d’avance. Il faudra jusqu’au bout aller chercher les voix. »

Au-delà de l’objectif interne que la CFDT devienne la première organisation syndicale de France, cette élection constitue un enjeu majeur : donner aux salariés des entreprises de moins de 11 ainsi qu’aux salariés du particulier employeur une réelle représentation collective, à travers les commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI) créées par la loi Rebsamen, qui se mettront en place au 1er juillet 2017.

La CFDT sur le terrain

C’est la raison pour laquelle la CFDT présente des listes exclusivement composées de salariés de TPE dans toutes les régions de métropole et d’outre-mer.

« Dans le contexte actuel, les autres organisations syndicales ne nous feront pas de cadeau, prévient Marie-Andrée. Nous devons donc convaincre les salariés des petites boîtes que le syndicalisme de proximité porté par la CFDT leur apporte des avancées concrètes. »

Alors que le scrutin – par internet ou par correspondance – débute le 28 novembre, la campagne entre dans une nouvelle phase en cette rentrée. La désormais traditionnelle semaine d’actions TPE, du 26 au 30 septembre, se veut une sorte de « répétition générale de la mobilisation tous azimuts qui sera mise en place dans les quinze derniers jours de novembre et durant le vote », insiste Fabrice Marion, qui coordonne la campagne TPE à la Confédération : « Tous les secrétaires nationaux et une grande part des responsables fédéraux et régionaux ainsi que le plus grand nombre possible de militants seront sur le terrain pour rencontrer les salariés des TPE et échanger avec eux. » L’action de la CFDT est d’autant plus crédible qu’elle pratique de longue date les rencontres avec les salariés des petites entreprises en vue d’échanger avec eux autour de leurs réalités et de leurs attentes. « Les semaines de mobilisation et les actions récurrentes que nous menons depuis plusieurs années sur l’ensemble du territoire permettent que les salariés nous reconnaissent, ce qui nous donne une réelle légitimité », explique Fabrice. « Cette campagne ne sort pas de nulle part, elle est dans la continuation de notre action en faveur des salariés des petites boîtes que nous menons depuis de nombreuses années », ajoute Marie-Andrée Seguin. C’est ce que rappelait Laurent Berger le 8 septembre dernier aux militants alsaciens : « On ne va pas voir les salariés au dernier moment pour leur dire “votez pour nous”. Ça fait longtemps que l’on mène un travail d’enquête, de proximité, d’information sur leurs droits et d’aide à y accéder, de défense à travers les défenseurs syndicaux. »

Coopération pro-interpro

En région, les équipes n’ont pas attendu la semaine d’actions pour quadriller le terrain. « La coopération entre pro et interpro fonctionne nettement mieux qu’en 2012 », se réjouit Fabrice Marion. Ainsi, en Paca, qui a accueilli Marie-Andrée Seguin le 13 septembre dans le cadre d’un lancement de campagne qui doit « booster et motiver les équipes », les unions départementales sont à la manœuvre, avec le soutien des syndicats. « Les UD ciblent des villes ou des zones à visiter et les militants des syndicats interviennent auprès des salariés en fonction de leur champ, témoigne Jean-Jacques Noizat, responsable de la campagne en Paca : cela permet de rencontrer plus de salariés en une seule opération que si les syndicats agissaient seuls, tout en leur donnant des informations plus pertinentes sur le plan professionnel. » Même constat de Bruno Dauphin en Pays de la Loire : « Quand on remet à un salarié d’un café le tract de la Fédération des Services sur les HCR [hôtels, cafés, restaurants], par exemple, cela facilite le contact et crée la confiance. » Les leçons de la précédente campagne ont aussi été tirées : « En 2012, on était partis sur les chapeaux de roues dès le mois d’avril et on avait fini rincés à l’automne. » Parallèlement, l’union régionale forme déjà ses candidats à la CPRI. En Bretagne, où les organisations syndicales membres de la commission paritaire régionale interprofessionnelle de l’artisanat (CPRIA) ont signé un accord pour appeler ensemble les salariés des TPE au vote lors des prochaines élections, chaque union départementale devrait mener de dix à vingt actions auprès des salariés des TPE d’ici au vote. Partout, on mise sur la récurrence. Dans le Nord, autour de Dunkerque, tous les samedis, des équipes d’une quinzaine de militants vont à la rencontre de salariés des offices notariaux, agences immobilières, etc. En Île-de-France, qui compte 1,2 million d’inscrits sur les listes électorales, l’Uri a ciblé 40 villes sur lesquelles elle concentre ses actions. « Nous avons formé une équipe d’intervention opérationnelle constituée de militants de tous les syndicats qui veulent bien nous rejoindre, résume le secrétaire régional Pierre Scarfogliero. Cette task force [force opérationnelle] est mise à la disposition des militants pour assurer les différentes actions » prévues lors de la semaine d’actions mais également jusqu’au vote. La CFDT-Cadres prend évidemment toute sa place dans la campagne, notamment en Île-de-France, qui concentre un grand nombre de cadres (cette catégorie représente environ 10 % des salariés des TPE).

Les assistantes maternelles ciblées prioritairement

En lancement de la semaine d’actions, les 22, 23 et 26 septembre, la CFDT-Services Sambre-Escaut (Cambrais, Valenciennes, Maubeuge) organise une vaste opération de phoning à destination des 2 400 assistantes maternelles recensées sur le territoire. Pour Pascal Catto, le secrétaire général de l’Union régionale interprofessionnelle du Nord-Pas-de-Calais, « l’objectif est de les inciter à participer au grand rassemblement d’assistantes maternelles prévu le 19 novembre à Lille et, bien sûr, de faire voter CFDT ». Ces salariées (très majoritairement des femmes) constituent une cible prioritaire pour le scrutin de novembre-décembre. L’Uri Bourgogne organise ainsi deux « mercredis des nounous », les 21 septembre et 9 novembre. Dans le Limousin, un courrier a été envoyé à toutes les assistantes maternelles de la région, ainsi qu’une invitation à une réunion d’information – qui se tiendra trois samedis d’octobre et de novembre – en présence d’un jeune retraité d’Interco qui a longtemps siégé dans la commission paritaire du conseil général chargée de l’agrément. « L’obtention de l’agrément, indispensable à l’exercice du métier, et les conséquences éventuelles de sa perte sont au cœur des préoccupations des assistantes maternelles. Pouvoir être renseignées par un militant parfaitement au fait de ces questions est un véritable plus que leur apporte la CFDT », explique Éric Brunie, le secrétaire général de l’Uri Limousin. En Picardie, les équipes CFDT les contactent par courrier ou téléphone et vont à leur rencontre directement devant les écoles depuis la rentrée. « Au fur et à mesure des rencontres, on appréhende mieux leurs besoins et leur réseau, insiste Frédéric Massez, le secrétaire général de l’Uri, ce qui permet de créer du lien et, à terme, d’encourager le vote CFDT. »

nballot@cfdt.fr avec la rédaction de Syndicalisme Hebdo