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[Lundi 4 juin après-midi] Une CFDT à l’offensive pour la première journée de son congrès

Publié le 04/06/2018

Le 49e congrès confédéral a commencé sur les chapeaux de roues. Le secrétaire général a dressé un bilan sans concession des quatre années écoulées, avant de céder la parole aux intervenants sur le rapport d’activité.

Avec force chasubles, perruques, drapeaux et parapluies orange de circonstance sous les orages rennais… le 49congrès a été ouvert sous les applaudissements des 2300 congressistes présents, dont 1750 délégués (et 50% de femmes). Par-delà cette ambiance bon enfant, « un congrès, c’est un temps fort de débats et, au final, de choix […], le temps de notre démocratie », a indiqué Laurent Berger lors de sa présentation du rapport d’activité. Un temps indispensable pour faire le bilan de « quatre années très éprouvantes et en même temps très riches [des victoires] obtenues pour les travailleurs, […] dont on n’ose pas toujours se réjouir parce qu’il reste tellement à faire ». Mais, a souligné le secrétaire général de la CFDT, « on aurait tort de ne pas marquer d’une pierre blanche chaque victoire », rappelant que c’est la « marque de fabrique CFDT, cette exigence d’être utile aux travailleurs ».

Des valeurs, une méthode, des combats, des résultats

Dans un discours reprenant les fondamentaux de la CFDT, ses valeurs, sa méthode, ses combats, ses résultats, Laurent Berger est revenu sur la victoire phare de cette mandature : la place de première organisation syndicale dans le secteur privé. Et a rendu un hommage appuyé à François Chérèque, artisan de la réforme de la représentativité, et à Edmond Maire – tous deux longuement ovationnés par la salle. Cette première place « est un bouleversement majeur dans le paysage social français », a insisté Laurent Berger. À tel point que « certains peinent à en prendre la mesure ». « Un patronat trop heureux de rejouer la lutte des classes avec des organisations contestataires qui s’en contentent bien », attaché à « satisfaire ses obsessions : moins de coûts, moins de règles, moins d’impôts ». Et un gouvernement qui poursuit la « petite musique lancinante de défiance à l’égard des syndicats ».

Vifs débats sur le dialogue social

Le secrétaire général de la CFDT a été à l’offensive sur de nombreux sujets : la qualité de vie au travail, la nécessaire démocratisation de l’entreprise, où le gouvernement est « attendu au tournant » avec la loi Pacte. Il est surtout revenu sur la question du dialogue social où, « en quatre ans, pas moins de trois réformes se sont succédé et parfois contredites », suscitant dans l’organisation des débats « nombreux et parfois vifs », comme l’ont montré les premières interventions sur le rapport d’activité de cette première journée de congrès. Les délégués ont pointé la négociation sans organisation syndicale dans les entreprises de moins de 50 salariés, la décision unilatérale soumise à référendum dans celles de moins de 20, l’instance unique obligatoire… Ils ont dit leur crainte que le projet de loi Avenir professionnel fasse de la « flexi-flexibilité » plutôt que de la « flexi-sécurité ».

Si, dans sa présentation du rapport d’activité, Laurent Berger a fait le choix de voir « le verre à moitié plein », il n’a rien nié des défaites : sur le barème prud’hommes, le dialogue social dans les TPE, la fusion forcée des instances, la baisse des moyens syndicaux. Mais il a surtout réaffirmé la volonté de la CFDT de continuer d’assumer ses responsabilités. De jouer son rôle de contre-pouvoir sans le confondre avec celui d’opposant politique. Car « s’il y a parfois des raisons de douter, il n’y a aucune raison de désespérer ». 

aseigne@cfdt.fr

©Photo Joseph Melin