Une CFDT pleine d’énergie chez Framatome abonné

La restructuration du secteur nucléaire français à la suite de l’éclatement d’Areva n’a pas découragé les militants CFDT de Framatome. Ils sont sur tous les fronts : emploi, compétences et pouvoir d’achat.

Par Claire Nillus— Publié le 22/01/2019 à 16h16

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« Soulagés ! », confie Alexandre Cretiaux, délégué syndical central CFDT de Framatome, au lendemain des élections professionnelles de novembre 2018. Il a le succès modeste car les résultats confortent la CFDT à la première place dans les douze sites du groupe. À l’usine de Saint-Marcel, en Saône-et-Loire, où sont assemblées les pièces lourdes qui composent les réacteurs nucléaires, la section affiche même une majorité confortable en progressant de 7,3 points par rapport au scrutin de 2014. « On ne pensait pas faire autant », poursuit Alexandre. Mais il reconnaît que durant les trois années qui viennent de s’écouler, les militants CFDT de Framatome ont fourni un énorme travail pour maintenir le dialogue social à la suite du plan de sauvetage d’Areva, en 2015.


Savoir bien s’entourer
La section CFDT de Framatome a développé un dialogue social et territorial à plusieurs échelons. Rattachée à la Fédération CFDT Mines et Métallurgie, elle échange régulièrement avec la Fédération Chimie-Énergie, dont dépend la CFDT d’EDF. Elle a aussi œuvré pour se faire entendre des acteurs locaux et participe à toutes les instances départementales et régionales capables de relayer ses revendications en faveur de l’emploi.

Informer en toute transparence
Depuis 2015, la section de Saint-Marcel organise chaque année quatre assemblées générales du personnel afin de restituer l’actualité et l’information de manière transparente à tous les salariés présents : contexte social, politique, informations locales, etc. Aujourd’hui, sur 940 salariés, de 550 à 600 personnes y assistent.

Échanger les pratiques
Tous les deux mois, des réunions Inter CFDT Framatome sont organisées avec les délégués syndicaux et un membre de chaque établissement, auxquelles s’ajoute une fois par an une réunion délocalisée sur un site Framatome. Ces réunions permettent tout à la fois d’évoquer l’actualité de chaque établissement, de prendre des mandats clairs pour les négociations, de rédiger les grandes lignes de communication et de créer des groupes de travail sur les différents sujets (CHSCT, rémunérations, QVT, dialogue social…).

Depuis le 1er janvier 2018, Framatome est passé sous pavillon EDF, désormais son actionnaire à 75,5 % et son principal client. Pour la CFDT, c’est le grand chamboulement. Certes, Framatome a gardé son cœur de métier, la fabrication de composants destinés aux réacteurs nucléaires – dont les EPR, réacteurs de troisième génération. Mais la crise qu’a connue Areva s’est soldée par 4 000 suppressions d’emplois au total, dont 1 800 pour l’activité propre aux sites de Framatome. « À Saint-Marcel, nous avons dû accompagner 188 départs dans cette période. Chaque salarié a été suivi et soutenu, précise la section bourguignonne. Nous avons également obtenu que 63 personnes soient intégrées dans le plan de départs volontaires pour cause de pénibilité. » L’opération était compliquée : il fallait négocier le plan de départs volontaires à l’échelle du groupe et, dans le même temps, faire valoir ce qui localement exigeait des critères spécifiques… « Ici, à l’usine d’assemblage, les emplois de chaudronnier et de soudeur sont physiquement très éprouvants. »

Vingt et un accords signés en seulement deux ans

Globalement, la scission d’avec Areva a quelque peu bouleversé les pratiques, la CFDT de Framatome devant travailler de concert avec la CFDT d’EDF et par ricochet avec de nouveaux champs fédéraux. Aujourd’hui, la jonction est solide ; en témoignent les vingt et un accords de groupe négociés en deux ans. Au menu, des accords interfiliales (plan épargne groupe, intéressement…) et d’autres plus spécifiques comme un accord mutuelle et prévoyance. « Il y avait un gros enjeu car les effectifs du groupe ayant fondu, la négociation d’un meilleur contrat semblait compromise », remarque Alexandre. Au terme de vingt-six réunions, la CFDT de Framatome obtient pourtant une amélioration des prestations et des remboursements, sans que le prix de la mutuelle pour les salariés soit augmenté, ainsi qu’une prise en charge totale de la prévoyance par l’employeur. Le nouvel accord (il sera effectif au 1er janvier 2019) a déjà fait l’objet d’une vaste communication auprès des salariés. « Cela a pesé dans les urnes », estime Alexandre. La CFDT s’est aussi pleinement investie dans la NAO (négociation annuelle obligatoire). Elle est d’ailleurs signataire de l’accord 2018 qui acte une revalorisation salariale de 2,3 %, après quatre ans de gel des rémunérations. La CGT, en demandant 5 %, n’a ni obtenu ce qu’elle voulait ni pu signer un accord qui était trop éloigné de ses revendications. « La ligne CFDT, plus modérée, lui a permis…

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