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Syndicat CFDT Défense Lorraine et Haute-Marne : Accompagner les militants pour gagner en adhérents

Publié le 09/05/2017

Depuis 2014, le Syndicat CFDT Défense Lorraine et Haute-Marne accompagne ses sections syndicales en combinant proximité et réactivité. Une démarche qui porte ses fruits en matière de syndicalisation. Exemple avec l’hôpital d’instruction des armées Legouest.

Chaque trimestre, le Syndicat Défense Lorraine et Haute-Marne tient son conseil à la gendarmerie de Metz. L’occasion de faire le point avec ses 29 sections sur les remontées de terrain et leur besoin en accompagnement. C’est en 2014 que le bureau, largement renouvelé, a décidé de faire du développement son axe stratégique pour les quatre années à venir. « Le précédent mandat avait permis de structurer notre syndicat mais la perspective des élections fonction publique en 2018 et le tarissement de nos adhérents nous inquiétaient, explique Serge Florémont, secrétaire du syndicat. Dans le même temps, nous percevions l’isolement d’un certain nombre de nos adhérents du fait de l’absence de référent syndical sur le terrain. » Dès lors, la stratégie s’impose : accompagner les militants et identifier de nouveaux adhérents-relais afin de renforcer la présence syndicale et le développement dans chaque établissement.

Partage d’informations dans la proximité

     

Régulière présence sur le terrain
Depuis janvier, le Syndicat Défense Lorraine et Haute-Marne a effectué une vingtaine de visites de site. « Cela se fait à la demande des délégués mais aussi sur des sites où nous cherchons à nous implanter et avons des adhérents. C’est le cas de Mourmelon et Saint-Dizier, où nous allons tous les mois car beaucoup d’agents s’interrogent sur leur reclassement suite à l’accord PPCR [parcours professionnels, carrières et rémunérations] », explique Serge Florémont, secrétaire du syndicat. D’ici à la fin juin, une dizaine de rencontres sont programmées sur l’ensemble du périmètre du syndicat.

Vingt sections accompagnées
Les trois quarts des sections ont bénéficié d’un accompagnement du syndicat. Plus récemment, ce fut le cas du centre expert des ressources humaines et de la solde (CERHS) de Nancy et du centre ministériel de gestion (CMG) de Metz. L’ensemble des sections accompagnées par le syndicat ont doublé leur nombre d’adhérents.

Développement en plein essor
Si le bilan officiel du plan de développement voté il y a un peu plus de deux ans n’est prévu qu’en 2018, les premiers chiffres dépassent déjà largement l’objectif fixé en 2014. « Avec 638 adhérents, nous enregistrons une progression de 34 % du nombre de nos adhérents, quand nous en escomptions 500 pour nous permettre d’assurer le renouvellement générationnel. Nous sommes aujourd’hui le quatrième syndicat de la fédération en nombre d’adhérents », se félicite Benjamin Braulio, secrétaire adjoint.

     

Très vite, l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Legouest devient l’une des cibles de cette démarche. Comme tous les hôpitaux militaires de France, Legouest vit une transformation scellée par un accord-cadre avec le centre hospitalier régional (CHR) Metz-Thionville. La restructuration est très mal vécue par les agents, qui déplorent un manque total de visibilité. « On entendait parler d’une réunification avec Mercy [l’hôpital de Metz, entité du CHR] avec la perte de 300 postes civils et militaires. Tout ce qu’on savait, c’est que les services allaient fermer les uns après les autres : plus de réa’, d’orthopédie, de bloc… et que les services administratifs étaient aussi concernés. Pour le reste, on était dans un flou total », se souvient Christian Titeux, militant historique à Legouest. La section imagine d’abord une action intersyndicale. Mais la CFDT n’est pas présente chez les soignants et peine à se faire entendre. « Nos adhérents étaient exclusivement dans les services généraux et les cuisines. Il fallait nous implanter dans les services de soins. » En 2016, la section décide de faire appel au syndicat pour tenter de démêler la situation avec une direction jusque-là très discrète et rassurer les agents. À plusieurs reprises, ils organisent conjointement des réunions d’information avec les agents (administratifs et soignants). « Parce que le HIA Legouest dépassait le seul périmètre de la défense, nous avons échangé et partagé les informations que nous avions avec le Syndicat Santé-sociaux de Moselle pour tout ce qui avait trait au personnel soignant », explique Benjamin Braulio, secrétaire adjoint du syndicat. La proximité ainsi créée avec les agents a conduit plusieurs d’entre eux à franchir le pas. C’est le cas de Christelle Thevenin, toute jeune déléguée. Cette brancardière d’une trentaine d’années ne pensait pas un jour s’engager dans la vie syndicale. Pourtant, la dégradation de la situation et les questions restées sans réponse l’ont amenée à repenser ses priorités : « À l’hôpital, les ragots sont partout. Quand on a besoin de réponses, il n’y a pas trente-six mille solutions… »

Dans l’accompagnement de ces nouveaux militants, le syndicat peut d’abord s’appuyer sur l’accord relatif à l’exercice du droit syndical de la défense – qui permet à chaque délégué de bénéficier d’un crédit temps de vingt jours par an. Le syndicat a décidé de s’en servir pour renforcer le collectif, car c’est ainsi que l’on avance et échange le plus, explique Serge Florémont : « Il n’est pas toujours facile pour les délégués de se croiser, tant certains établissements sont éparpillés. Alors nous avons mis en place trois référents interétablissement, un pour chaque base de défense [périmètre qui regroupe plusieurs établissements], qui permettent de faire le lien et de convoquer, pendant les heures autorisées, les délégués sur une problématique. Cela crée un sentiment d’appartenance fort au collectif. »

Une réponse sous 48 heures aux questions des délégués

Hormis l’accompagnement classique à travers le catalogue de formations, le syndicat a instauré un service du style « Réponses à la carte » pour permettre aux délégués de lui faire remonter les questions des agents. Le syndicat s’efforce d’y répondre sous 48 heures. « Nous encourageons les délégués à ne laisser aucune question sans réponse et à se positionner comme la personne-ressource qui remonte et redescend l’information aux agents. C’est pour nous un gage de proximité et de confiance », poursuit Serge. « On ne se sent pas seul dans notre démarche, le syndicat nous accompagne en même temps qu’il nous donne des responsabilités, conscient que nous restons ceux qui connaissent et parlent le mieux de notre métier aux autres agents. En cela, la CFDT est vraiment un syndicat d’émancipation, explique Bernard Hollande, aide-soignant et délégué syndical depuis peu. Du coup, on se sent plus confiant et légitime pour proposer aux agents d’adhérer. »

Le soutien des anciens et du syndicat

En deux ans à peine, la section du HIA Legouest est passée de 20 à 56 adhérents, et compte désormais plusieurs délégués répartis dans les différents services de l’hôpital. « La section s’est consolidée au fil des adhésions avec de nouveaux délégués, des adhérents-relais détectés sur le terrain par les délégués en place, et qui permettront de renforcer la présence syndicale et, pourquoi pas, d’assurer la relève », explique Christian, qui a justement choisi de laisser son mandat à Bernard il y a quelques mois. Ce dernier salue le soutien indispensable des délégués historiques comme du syndicat. « La qualité du travail de ceux qui nous ont précédés et le fait de savoir que l’on peut compter sur eux et sur la stratégie mise en place par le syndicat est inestimable quand on commence. » En 2018, les élections dans la fonction publique donneront à voir la nouvelle photographie syndicale au sein des établissements de la défense. Si le syndicat se veut confiant, il ne crie pas victoire. « Il ne faut jamais relâcher les efforts en matière de développement, car malgré le travail syndical, les restructurations dans la défense continuent et les effectifs s’amenuisent. » La loi de programmation militaire a supprimé 54 000 postes entre 2008 et 2015 et en prévoit 20 000 de plus d’ici à 2019… Le plus grand plan social jamais réalisé en France.

aballe@cfdt.fr

     

Repères

• Le Syndicat CFDT Défense Lorraine et Haute-Marne compte 638 adhérents, qui représentent 20 % des 3 200 agents fonctionnaires, contractuels et ouvriers de l’État de son champ.

• Aux élections professionnelles de mars 2017, la CFDT de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Legouest est arrivée première organisation syndicale chez les personnels soignants avec 45 % des voix devant la CGT (32,4 %) et FO (14 %). Elle compte actuellement 56 adhérents – trois fois plus qu’en 2014.