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Pour un développement responsable des nanotechnologies

Publié le 11/12/2013

Les enjeux industriels, économiques et sociétaux liés au développement de ces nouveaux types de particules sont énormes.

Depuis le Grenelle de l’environnement, en 2007, la CFDT s’est impliquée à l’échelon national dans le débat sur le développement des nanotechnologies. À l’échelle européenne, elle a contribué au positionnement de la CES (Confédération européenne des syndicats). La CFDT revendique de nouvelles formes de gouvernance et des approches éthiques : renforcement de l’action d’identification et d’évaluation, formation des salariés, traçabilité des expositions, investissement dans la recherche sur les risques.

Les nanotechnologies, c’est une multitude de domaines d’application : l’habillement, l’alimentation, la santé, l’industrie, la construction, l’armement… Les « nanos » sont partout : 1 200 produits commercialisés sont répertoriés comme incluant une ou plusieurs substances à l’état nanoparticulaire.
En France, de 2 000?à 4 000 salariés seraient exposés aux nanoparticules, selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles). Pour estimer tous les risques d’exposition aux nanomatériaux, il faut prendre en considération l’ensemble de la chaîne allant de la fabrication au recyclage, en passant par la mise en forme et l’utilisation.

La parole donnée aux équipes syndicales

Lors d’une journée d’échanges sur les nanotechnologies, qui s’est déroulée le 4 décembre, la Confédération a souhaité donner la parole à des équipes syndicales confrontées directement aux nanomatériaux. « Au CEA [Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives], les mesures de prévention sont collectives, les expositions potentielles sont toutes tracées. Nous avons sensibilisé et formé les salariés sur le sujet. Tout est regroupé sur une seule et même plateforme : recherche et développement, détection des mesures, expertise médicale… Les “nanos” ne sont pas concevables sans encadrement sécurisé », témoigne Didier Guillaume, membre du CHSCT et délégué syndical du centre CEA de Grenoble.

Des questions de société, d’éthique et de démocratie

Jacques Borrel, membre du CHSCT d’ESRF (European Synchroton Radiation Facility) et secrétaire général du Speag-CFDT (Syndicat des personnels de l’énergie atomique de Grenoble), raconte qu’« en 2006, lors de l’inauguration de Minatec [Campus d’innovation pour les micro- et nanotechnologies], des opposants très farouches aux nanotechnologies demandaient la fermeture du CEA ! Le Speag a participé en 2011 à l’élaboration du NanoCode [code de bonne conduite pour une recherche responsable en nanosciences et nanotechnologies]. Notre syndicat, qui compte 230?adhérents, a finalement contribué à ce que la CFDT prenne en compte le problème. C’est la richesse du syndicalisme ; petit à petit, on construit une compétence globale ! ».

Dans sa conclusion, Patrick Pierron, secrétaire national, rappelle qu’« à la CFDT, nous militons en faveur d’un nouveau modèle de développement. Nous travaillons avec les ONG, et notre but est de peser sur l’équilibre entre l’intérêt et les risques. Nous avons voulu montrer que les “nanos” posent des questions de société, d’éthique et de démocratie ».

albesse@cfdt.fr