Lubrizol : “Tout ne passera pas par la loi” abonné

Philippe Portier, secrétaire national de la CFDT, responsable de l’industrie, revient pour nous sur les suites de l'accident de l’usine Lubrizol à Rouen en Seine-Maritime.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 31/10/2019 à 14h04

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Un mois après l’incendie de Lubrizol, plusieurs questions centrales restent encore sans réponse. N’est-ce pas choquant d’avoir aussi peu d’informations ? Que dit la CFDT de ce manque de transparence ?

On ne peut pas dire que cela soit choquant, car certaines informations demandent des études approfondies. Mais il y a évidemment nécessité d’une plus grande transparence. À ce sujet, la CFDT va saisir la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (cnDAspe). Cette commission, mise en place en 2013, permet notamment à la société civile d’avoir accès à toutes les informations sur les recherches de nocivité, par exemple. La CFDT, présente dans l’entreprise Lubrizol, demande en parallèle, par la voix de ses représentants du personnel, une expertise au niveau de la CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail) sur les conséquences sanitaires et psychologiques.

Plusieurs voix se sont élevées pour incriminer l’assouplissement de la législation ces dernières années. Faut-il renforcer la législation en matière de prévention des risques ?

Faire des lois ou modifier des lois à chaud, au lendemain d’un événement, n’est pas la bonne réponse. Commençons déjà par appliquer la législation qui existe. À cet égard, la loi Bachelot (2003) relative à la prévention des risques technologiques est le bon outil. Mais on voit que seize ans après son adoption, elle n’est toujours pas appliquée, et les plans de prévention des risques technologiques qu’elle prévoit [permettant d’encadrer et de sécuriser la périphérie des sites Seveso seuil haut] ne sont toujours pas mis en œuvre.

Pour autant, tout ne peut pas passer par la loi. Ce n’est pas la loi à elle seule qui va protéger les concitoyens des accidents industriels. Il faut compter aussi sur l’intelligence collective, sur le fait d’associer les représentants des salariés à ces aspects, sur le dialogue avec les riverains…

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