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LGBT : La CFDT en première ligne contre les discriminations

Publié le 26/06/2015

Sensibilisation des salariés, accompagnement des travailleurs LGBT victimes de discrimination, négociation d’accords avec la direction… Les militants de la CFDT s’impliquent de plus en plus sur la thématique de la diversité en entreprise et de l’égalité des chances.

Insultes, moqueries, mises à l’écart, violences physiques... Le travail reste l’un des principaux lieux où s’exercent les discriminations liées à l’orientation sexuelle. Refus de promotion, plus faible rémunération et même licenciement : les salariés LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) cumulent encore les freins à l’évolution de carrière. « Les salariés LGBT se sentent en insécurité dans leur entreprise. Ils cachent leur orientation sexuelle et n’osent pas se dévoiler au travail. Ils s’inventent une vie privée, évitent les discussions du lundi matin devant la machine à café et utilisent des mots neutres pour désigner leur conjoint. Ces situations sont une source de mal-être pour les salariés », confie Laurent Delorme, délégué syndical CFDT du site de Nozay d’Alcatel-Lucent.

Cet engagement dans la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre n’est pas une nouveauté à la CFDT. « L’accès à l’emploi, l’évolution professionnelle et l’égalité entre les salariés sont autant de priorités à défendre dans les entreprises », assure Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT. Première mission : prévenir les discriminations au travail, accompagner les personnes LGBT qui les subissent et alerter la direction. Convaincu qu’il avait moins de missions que les autres en raison de son orientation sexuelle, un salarié d’une société d’intérim s’est tourné vers la CFDT des Pays de la Loire. Céline Chatelier, secrétaire générale adjointe de l’Uri et responsable du pôle vie au travail, l’a orienté vers son syndicat de rattachement qui, lui, l’a aidé à constituer son dossier et à recueillir les pièces nécessaires. « Il suffit parfois de montrer à l’employeur les dérives commises pour le remettre dans les clous. Les sections syndicales doivent renvoyer les directions à leurs obligations sociales et à leurs pratiques parfois discriminatoires », précise-t-elle.

Bousculer les préjugés

Depuis deux ans, la CFDT de Renault soutient le groupe de salariés LGBT de l’entreprise. Après avoir obtenu la mise à jour des textes à la suite de l’adoption sur le mariage pour tous, une nouvelle réflexion est menée avec la direction générale pour leur assurer discrétion et sécurité. Objectif ? Que les salariés LGBT ne soient plus obligés de déclarer leur vie privée à leurs managers pour bénéficier des congés pour évènements familiaux dans les pays à risque (Iran, Russie…) et que la gestion administrative de leurs dossiers RH soit assurée au niveau de la France et non plus localement.

Les discriminations ne sont pas seulement du fait des directions. Les réflexions et comportements homophobes surviennent aussi au quotidien dans le collectif de travail. « Le rôle des syndicats est de rompre l’isolement. Les militants de la CFDT doivent dénoncer ces comportements et rappeler aux salariés qu’ils ne sont pas acceptables », explique Céline Chatelier. Pour faire évoluer les représentations et les stéréotypes, des journées de sensibilisation, des tables rondes ou des campagnes d’affichage voient le jour. À l’occasion de la Marche des fiertés, la section syndicale CFDT d’Alcatel-Lucent a organisé une exposition présentant différentes affiches liées à l’homophobie au travail sur le site de Nozay, en Essonne. Des minifilms intitulés « coming in », relatant des témoignages de salariés LGBT sur leur vie en entreprise, ont été diffusés aux salariés. Le 24 juin, ces derniers ont été invités à débattre lors d’une conférence avec le comité Idaho France. « Il faut changer la vision de la société sur cette problématique. Notre but est d’informer et de sensibiliser le collectif de travail. Nous essayons de créer un climat favorable dans l’entreprise pour que ceux qui le souhaitent se sentent libres de s’exprimer », justifie Laurent Delorme.

Sensibiliser les militants

Pour convaincre les sections syndicales de la nécessité de s’emparer de ce dossier, la CFDT-Île-de-France forme et sensibilise, notamment grâce à des jeux, les militants aux discriminations présentes dans l’entreprise. Elle leur apporte aussi des outils et un appui dans leurs actions. « Nous rencontrons régulièrement les sections et nous les épaulons si elles souhaitent s’engager sur cette thématique. Nous les aidons à répondre aux situations de discrimination et à accompagner les victimes, notamment sur le plan juridique », détaille Sylvie Polvèche, déléguée régionale. Pour informer et soutenir les militants, l’Uri Midi-Pyrénées a créé des espaces ad hoc. Le 8 octobre prochain, un groupe d’action ressource sera lancé. Celui-ci réunira des volontaires mandatés par leurs syndicats et un responsable juridique chargé de résoudre les cas liées à la loi. Des rencontres avec des associations LGBT, comme l’Autre Cercle, seront programmées.

Donner de la visibilité aux actions

« Les organisations syndicales ont besoin de travailler en partenariat avec les associations LGBT pour maîtriser le sujet. Elles ont une expertise supplémentaire et nous apportent un éclairage sur les situations de discrimination vécues en entreprise », analyse Bruno Cagnat, secrétaire régional. Depuis trois ans, l’Uri Pays de la Loire participe à la commission sur la lutte contre l’homophobie qui mobilise des acteurs de la société civile (l’Autre Cercle, le centre LGBT de Nantes, Association des parents et futurs parents gays et lesbiens...). Le 5 mars, celle-ci a organisé une conférence sur l’inclusion des personnes LGBT dans le monde du travail à Nantes. La CFDT-Rhône-Alpes tisse aussi des liens avec les associations soutenant les personnes LGBT. Lors de la Quinzaine des fiertés, un débat autour des droits et des outils pour lutter contre les discriminations en entreprise a été l’occasion de présenter le rapport de SOS homophobie.

Depuis quatre ans, la CFDT-Rhône-Alpes s’implique dans la marche des fiertés de Lyon. « Cette marche permet à la CFDT de réaffirmer son engagement et de donner une visibilité à ses actions. Elle doit être identifiée par la communauté LGBT comme une actrice compétente. Les associations et les salariés peuvent solliciter nos permanences juridiques pour être accompagné », estime Pierrick Aillard, secrétaire régional de la CFDT-Rhône-Alpes. De même, le samedi 27 juin, l’Union régionale Île-de-France a participé avec la Confédération à la Marche des fiertés de Paris.

afarge@cfdt.fr