Ici, les salariés en CDI peuvent enfin se projeter dans l’avenir abonné

En 2002, ATD Quart Monde crée l’entreprise solidaire TAE (Travailler et Apprendre Ensemble). Reportage.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 31/10/2018 à 16h12

image

CBADET 2018 CFDT TAE 027« Repenser le modèle traditionnel de l’entreprise en faisant collaborer des personnes en situation de très grande précarité avec d’autres, désireuses de construire une économie plus solidaire et de vivre une aventure humaine unique, voilà notre objectif ! » Responsable de l’entreprise « Travailler et Apprendre Ensemble (TAE) », créée en 2002 par ATD Quart Monde, Didier Goubert [photo ci-contre] entend faire du travail un lieu d’inclusion, de formation et de partage, et redonner une chance à celles et ceux qui vivent dans la précarité. « Certains des salariés qui travaillent ici ont vécu dans la rue, d’autres ont vu leur enfant placé, beaucoup ont connu des phénomènes d’addiction… », insiste cet ancien cadre, militant, en énumérant la multiplicité des parcours de vie. « C’est essentiel de rappeler que personne ne choisit la pauvreté par plaisir ou par facilité. Le mouvement ATD est toujours parti du principe que les gens veulent travailler, à partir du moment où on leur en offre la possibilité. »

TAE propose trois activités : reconditionnement informatique, peinture en bâtiment et ménage. Jean-François, 48 ans, est salarié de la structure après avoir connu des années de galère. « J’ai passé dix ans sans bosser. Je voulais travailler, je passais des entretiens, mais ça ne marchait pas. Alors, petit à petit, j’ai perdu confiance en moi, j’ai fini par me décourager et j’ai arrêté d’essayer. Ça servait à quoi ? Je croyais que je n’en étais pas capable. On me le faisait comprendre, en tout cas ». Alors, qu’est-ce qui a fonctionné chez TAE qui n’a pas marché ailleurs ? Pour Jean-François, c’est limpide : « On m’a fait confiance. On m’a donné un CDI. » L’entreprise a en effet proposé à chacun de ses 14 salariés en situation de précarité un contrat à durée indéterminée, sans licenciement possible. « Le CDI change tout, il permet d’accéder à des services jusque-là inaccessibles comme le logement, les soins, les vacances… On ne peut pas sortir de la précarité sans perspective de stabilité », explique Didier Goubert.

 

Salarié…

Pour continuer de lire cet article, vous devez être abonné.

s'abonner

Déjà abonné ? Connectez-vous