“L’État échoue à assurer la sécurité de tous ” abonné

Rencontre avec Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du SCSI–CFDT (Syndicat des cadres de la sécurité intérieure).

Par Jérôme Citron— Publié le 28/10/2019 à 08h20

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La situation dans les quartiers dits sensibles s’est-elle dégradée ?

C’est incontestable. Les émeutes de 2005 [à Clichy-sous-Bois] n’ont pas provoqué une prise de conscience de l’urgence de la situation. Quinze ans plus tard, les ghettos sont toujours là et il est de plus en plus difficile pour la police d’intervenir pour assurer l’ordre républicain. Cela ne veut pas dire que nous n’y allons pas, mais chaque intervention mobilise de nombreux collègues, ce qui pose la question des moyens humains et des priorités que l’on assigne à la police. Les quartiers sensibles ne sont pas, aujourd’hui, une priorité affirmée du pouvoir politique.

Comment expliquer ce manque de résultats ?

D’une part, la police ne peut pas tout. La situation ne s’améliorera que si on parvient à faire de ces quartiers paupérisés des lieux de plus grande mixité sociale. D’autre part, chaque ministre de l’Intérieur met en place une politique en direction des quartiers sensibles, mais il n’y a jamais de bilan de ces expériences, donc aucune leçon tirée. Nous continuons à envoyer dans les quartiers les plus difficiles des jeunes policiers qui sortent de l’école, qui ne connaissent pas la réalité de ces cités et qui, pour beaucoup, attendent d’être mutés dans leur région d’origine.

Côté encadrement, le turnover est également très important. Pour résumer, il y a toujours des postes vacants en Seine-Saint-Denis, très rarement à Paris. Il faut trouver des mesures pour fidéliser les agents et mieux répartir les forces de police sur le territoire. Sur ce sujet, on peut facilement faire le parallèle avec l’Éducation nationale.

On associe souvent la question des quartiers sensibles à celle de la drogue.
Faites-vous aussi ce lien ?

Il faut faire attention de ne pas stigmatiser tous les habitants de ces quartiers. La plupart mènent une vie normale. En revanche, une minorité pourrit la vie des autres et c’est bien le trafic de drogue qui…

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