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[Adresse] “Ce que veut la CFDT pour l'Ecole”

Publié le 10/04/2017

La CFDT et ses fédérations de l'Education, SGEN et FEP, interpellent les candidats à l'élection présidentielle sur leur programme pour l'Ecole.

Pour répondre aux défis de la transition écologique, de la transition numérique, de la crise démocratique, la France a besoin de construire une école républicaine du XXIe siècle, cela demande un réel investissement.

Pour être à la hauteur des enjeux de son temps, une politique éducative ne peut évidemment ni être pilotée par la logique de réduction budgétaire, ni par la nostalgie d'un âge d'or aussi élitiste que mythique.

La CFDT et ses fédérations éducation (SGEN et FEP) saisissent l'occasion de la campagne présidentielle pour redire leur conception de ce que doit être une politique éducative ambitieuse.

Il est d’abord impératif de réussir à mobiliser par un dialogue territorial constructif tous les acteurs potentiels : l’État, les collectivités territoriales, les personnels, les parents, les associations. L’élaboration de partenariats et d’alliances éducatives est nécessaire pour répondre aux enjeux des projets éducatifs territoriaux, pour faciliter l’ouverture culturelle et sociale que permet la semaine de quatre jours et demi. Ce type de partenariats est indispensable pour permettre la réussite du plan numérique.

Une réelle ambition éducative implique ensuite de se donner les moyens de faire réussir tous les élèves et de réduire les inégalités qui minent le système éducatif. Ne nous y trompons pas, les écarts de réussite nuisent à tous les élèves, et pas seulement à ceux qui échouent. L’école doit prendre à bras le corps la question de la réduction des inégalités sociales et celle du décrochage. La loi de refondation avait fixé cet objectif : le socle commun de compétences, de connaissances et de culture, les cycles, le dispositif « plus de maîtres que de classes » et la relance de l'éducation prioritaire sont allés dans ce sens. L’ensemble doit être pérennisé et surtout poursuivi. Ainsi, la notion de socle commun a été consolidée mais l’évaluation par compétences est encore trop timide, la réforme des rythmes scolaires est restée au milieu du gué, le lycée ne peut rester le même alors que le collège comme le supérieur évoluent… La refondation n’aura de sens que si elle est menée jusqu’au bout, sans renoncement et encore moins de retours en arrière.

La lutte contre les inégalités scolaires passe aussi par moins de ségrégation et plus de mixité sociale. C’est une condition de réussite scolaire et de consolidation du lien social. Cependant l’école ne peut à elle seule faire de la mixité là où la politique de la ville n’y parvient pas. La CFDT et ses fédérations sont favorables à toute démarche qui permet de faire progresser la mixité sociale et l'hétérogénéité des publics scolaires dans les établissements scolaires, en cohérence avec ses propositions sur le logement, l’urbanisme, les parcours de formation et les parcours professionnels.

Le temps d'une politique éducative n'est pas celui d'une mandature présidentielle : elle doit en effet s'inscrire dans le temps long pour aboutir. Il faut du temps pour s'approprier les nouveaux programmes et la nouvelle organisation du collège. Il faudra du temps pour faire du lycée la première partie d'un continuum bac -3 bac+3 qui permette, après le temps de la scolarité commune, la différenciation des parcours des élèves jusqu'à l'insertion professionnelle et/ou la poursuite d'études supérieures. Il faudra du temps enfin pour atteindre l'objectif d'une école inclusive et bienveillante pour tous les élèves, quelles que soient les particularités de leurs besoins éducatifs et pour permettre à tous et à chacun de progresser et de réussir sans viser un seul modèle de réussite scolaire et sociale. Il y a pour cela besoin d'accompagnement professionnel (pour faire évoluer les pratiques pédagogiques et les gestes professionnels), de personnels accompagnants le handicap formés et reconnus, d'équipes pluriprofessionnelles complètes, de partenariat plus approfondi avec les structures médico-sociales et médico-éducatives.

Il est également indispensable d’inscrire l’école dans un processus de formation tout au long de la vie. C’est une condition du nouveau modèle de développement que nous voulons, qui soit inclusif et qui permettent une montée générale des compétences. Pour cela, la réussite de la transition entre l’école et la vie professionnelle doit être un objectif appuyé de la politique d’investissements publics. L’orientation et l’accompagnement dans le parcours scolaire et vers l’emploi constituent un ensemble clé pour favoriser une insertion professionnelle réussie. Il convient dans ce sens de développer et promouvoir l’alternance, la valoriser dans tous les secteurs, et garantir aux apprentis un environnement favorable : logement, santé, protection so­ciale, aide financière, statut... Mieux articuler formations initiale et continue constitue un facteur favorable à la fois à une économie de haut niveau et à la réduction des inégalités.

Enfin, une politique éducative ambitieuse doit tenir compte des personnels qui la mettent en œuvre. Le rétablissement d'une véritable formation initiale dans le cadre des ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation) et des Instituts de formation du privé, composantes des universités, a été une étape importante, parce qu'enseigner est un métier qui s'apprend. Mais il est nécessaire aussi, dans ce cadre, d'investir dans une formation continue en lien avec la recherche. Enseigner est en effet un métier qui se perfectionne tout au long de la vie professionnelle : c'est bien en diversifiant et en facilitant la mutualisation des pratiques pédagogiques qu'on permet la réussite de tous les élèves. L'expertise des équipes et leur autonomie doivent être reconnues en renforçant un dialogue social de qualité à tous les niveaux de l'institution. Enfin l’investissement des agents doit être reconnu financièrement : le protocole PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations) est à ce titre un cadre de revalorisation qui doit être pérennisé.

 

Laurent BERGER, secrétaire général de la CFDT

Catherine NAVE-BEKHTI, secrétaire générale du SGEN-CFDT

Bruno LAMOUR, secrétaire général de la FEP-CFDT