Saisonniers : Besoin d’hébergement d’urgence abonné

Ils sont des milliers à occuper des emplois le temps de la saison hivernale. Autant de travailleurs qui doivent trouver un logement. Une galère pour ces salariés parfois confrontés à des propriétaires ou des employeurs peu scrupuleux. Aux Belleville, en Savoie, la mairie tente de prévenir ces dérives en contribuant à la mise à disposition de logements décents.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 09/03/2020 à 09h13

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On les retrouve sur les pistes, dans les restaurants où derrière les fourneaux, ils ont entre 18 et 35 ans et occupent les postes-clés de la station. « Ils », ce sont les 5 000 saisonniers qui, de décembre à avril, font tourner Les Belleville, l’une des plus importantes stations de ski des Alpes. Les raisons qui les ont attirés ici sont multiples : « l’ambiance », « profiter des pistes », « parce que c’est là que se trouve le boulot », ou « pour se faire de l’argent de poche ». Mais tous se retrouvent confrontés à l’épineux problème du logement. Un véritable casse-tête pour ces travailleurs atypiques, alors que la commune de 3 500 habitants hors saison voit les loyers privés s’envoler et ses 55 000 lits touristiques assaillis par les amateurs de sports d’hiver.

« Nous faisons face à une explosion de notre population pendant l’hiver », confirme le maire, André Plaisance. Si les saisonniers de l’hôtellerie et de la restauration sont généralement logés dans l’établissement qui les emploie, les saisonniers des activités telles que la location de matériel ou l’animation éprouvent plus de difficultés. Une aubaine pour les marchands de sommeil qui n’hésitent pas à proposer des logements à des prix exorbitants dans des conditions de vie indignes.

Plus d’un tiers des saisonniers vivent dans des conditions d’insalubrité.”

Pour lutter contre ce fléau, l’édile a décidé d’agir depuis déjà quelques années. « Nous devons être en capacité d’offrir des conditions d’accueil dignes aux saisonniers. Et prévenir les drames », explique André Plaisance, qui a encore en mémoire la catastrophe survenue dans la station voisine de Courchevel un an plus tôt. L’incendie d’un bâtiment accueillant des travailleurs de saison coûtait la vie à deux personnes et faisait de nombreux blessés.

MJay Moutiers cyrilbadetAprès plusieurs années d’acquisitions et de constructions, la mairie possède aujourd’hui 530 logements répartis entre Val-Thorens, les Menuires et Moutiers. Elle en a délégué la gérance à l’association de gestion des immeubles-foyers de la vallée des Belleville (Agibel). Cette dernière s’assure de la conformité des logements, les loue aux employeurs du territoire, qui eux-mêmes les mettent à la disposition des travailleurs en saison.

« Les saisonniers subissent déjà une situation de précarité liée à leur contrat, explique Mathieu Jay [photo], directeur des affaires sociales à la mairie et responsable de l’Espace saisonniers. Ils n’ont pas toujours de visibilité sur leur rémunération, la durée de leur contrat, le coût de la vie sur place. Avoir un logement pris en charge les aide à mieux organiser leur vie professionnelle et personnelle. » In fine, tout le monde est gagnant car les employeurs trouvent aussi leur compte en pouvant proposer une offre de logement à leurs futurs salariés.

 

Morgane-et-Lucie Moutiers cyrilbadet“Personne ne doit dormir dehors”

« J’ai la chance de ne…

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