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Les syndicats plus mobilisés que jamais

Publié le 05/11/2015

Des échéances lointaines (2050, 2100), un discours scientifique compliqué… Les enjeux de la Cop  21 sont parfois difficiles à appréhender. Pour les syndicats, c’est clair : « Pas d’emplois sur une planète morte », scandait la CSI (Confédération syndicale internationale) lors de son sommet sur le climat en septembre dernier. À Paris, l’objectif de la CSI sera de faire entendre son exigence de transition juste.

Les réfugiés climatiques contraints de quitter leur territoire pour cause de phénomènes météorologiques extrêmes sont déjà estimés à quelque 22 millions dans le monde. Au-delà de la crise écologique, il y a une catastrophe humanitaire et un impact sur le monde du travail indissociables. C’est, entre autres, pour les travailleurs du monde entier que les organisations syndicales se rassembleront à Paris à la fin de l’année, sous la bannière de la CSI (Confédération syndicale internationale), afin de défendre la notion de « transition juste » et les mesures qui l’accompagnent. Ce combat de longue date, enclenché bien avant la Cop 21, se mène à la fois dans l’espace onusien des négociations et en marge des débats, avec la société civile.

Dans le saint des saints

Les organisations syndicales forment l’un des neuf grands groupes pouvant bénéficier du statut d’observateur accrédité au sein de l’espace régi par l’Organisation des Nations unies pendant la Cop 21. La délégation CFDT sera constituée d’une quarantaine de militants issus de la Confédération, des fédérations et des unions régionales interprofessionnelles. Elle disposera de douze badges permettant l’accès à l’espace des négociations entre États. Avec la CSI, la délégation devra peser de tout son poids pour que les négociateurs français relaient l’exigence syndicale de transition juste pour les travailleurs.

Ce point est essentiel pour relever le défi de la transformation du travail dans tous les secteurs. La déclaration conjointe de la France et du Pérou, au dernier sommet du G7, reconnaît des liens étroits entre changement climatique et travail décent, et cette mention figure dans les objectifs de l’accord. L’enjeu est de taille pour le mouvement syndical, car si cette notion de transition juste est maintenue, il ne sera plus possible de modifier le texte d’une année sur l’autre, l’accord-cadre qui sera voté à l’issue de la Cop 21 étant à durée indéterminée.

Doha, Varsovie, Lima… et Paris

Parce qu’aucun sujet dans le monde ne concerne autant de pays que le climat, à chaque Cop, le mouvement syndical trouve un écho particulier dans la société civile.

    cop21-conscience        
    Le site coalitionclimat21.org/
regroupeles initiatives
de plus de 130 organisations
solidaires, humanitaires,
environnementales…
       

Ainsi, en 2012, le Qatar, pays hôte de la conférence, a autorisé la première marche revendicative de son histoire. Cinq mille personnes ont défilé dans le calme, dans le centre de Doha, pour revendiquer des mesures de lutte contre le réchauffement climatique et de meilleures conditions de travail pour les migrants. L’année suivante, à Varsovie, le mouvement syndical, sous l’impulsion de la CSI, a vivement protesté contre l’inaction des négociateurs et quitté la Cop au bout d’une semaine, avec le slogan «¡Volverémos! » (« Nous reviendrons! »). À Lima, en 2014, la délégation syndicale a soutenu le « Sommet des peuples », mouvement de la société civile qui se déroulait en parallèle de la Cop, sur le thème « Changeons le système, pas le climat ».

Cette année, en France et dans le monde, la mobilisation syndicale s’annonce d’une ampleur inédite. Des millions de personnes sont attendues le 29 novembre, veille de l’ouverture de la Cop 21, lors d’une grande marche mondiale pour le climat. Pendant les débats, la CSI organisera son « Sommet mondial pour le climat », au Bourget puis à Montreuil (Seine-Saint-Denis), lieux de rencontres et de débats avec la société civile. Et un rassemblement géant est prévu dès le 12 décembre au moment où l’Onu annoncera les résultats des négociations. « La mobilisation doit être exceptionnelle pour montrer aux gouvernements que la société civile veut un changement historique », souligne Thierry Dedieu, secrétaire confédéral à la CFDT.

cnillus@cfdt.fr

 

   

 

Anabella Rosemberg noWOUPD  400x400“ Nous pouvons influencer les négociations ”
Anabella Rosemberg

Conseillère pour les politiques environnementales et de santé
au travail de la Confédération syndicale internationale.

Que signifie la Cop 21 pour les syndicats ?

Pour le mouvement syndical, Paris est un moment, crucial, certes, mais qui s’inscrit pour nous dans un temps beaucoup plus long.
Nous pouvons légitimement influencer les négociations parce qu’elles ont été argumentées et nourries très en amont, depuis des mois, des années.

Que va-t-il se passer après la Cop ?

Les négociations se prolongeront bien au-delà de la Cop 21. Car quel que soit l’accord de Paris, il faudra tout mettre en œuvre après, avec les salariés, les entreprises, les secteurs, les gouvernements.
Le mouvement syndical utilise la Cop comme un levier, mais nous avons déjà un agenda pour la suite.

Pensez-vous que cette réunion à 196 parties puisse aboutir ?

Il est très important que tous les pays du monde soient présents. C’est le seul moyen pour qu’un accord juste soit défendu, notamment par ceux qui sont déjà très exposés aux changements climatiques. Si le G20 ou le G7 avaient été capables de trouver un accord sur le climat qui nous maintienne sous la barre
des 2 °C, cela se saurait. Le processus onusien ne peut pas tout résoudre mais il est une étape indispensable dans la mise en place d’une gouvernance mondiale pour le climat.

©twitter.com/anabella_tu