La croissance bleue des Vosges de la CFDT abonné

Grâce à leurs pratiques structurées, les militants d’Interco 88 sont parvenus à hisser la CFDT première organisation syndicale dans le département auprès des agents territoriaux. Et à afficher un taux de développement de plus de 14 %. Une dynamique inspirante…

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 23/12/2019 à 08h48

Quand elle arrive à la permanence du syndicat, Maryne est visiblement émue. Cette jeune agente technique qui travaille à l’accueil périscolaire d’une petite commune des Vosges est encore sous le choc de la nouvelle : son départ en formation d’assistante maternelle – qui doit commencer la semaine suivante – risque d’être compromis par une brusque décision de son employeur, le maire : « Il m’a demandé de me mettre en disponibilité pendant quatre mois pour pouvoir partir en formation. Mais je ne peux pas vivre quatre mois sans salaire ! Comment je vais faire ? », explique, paniquée, cette mère de trois enfants.


La CFDT première du département
Aux dernières élections fonctions publiques, la CFDT a conforté sa première place d’organisation syndicale dans les Vosges. Réalisant 48,3 % des voix aux comités techniques par exemple. « Nous sommes présents dans 80 % des collectivités », note Éric-Olivier. Ce qui suppose un gros travail de proximité avec les agents, dans ce département rural et en partie montagneux, avec des structures très éclatées géographiquement.

La mutualisation des forces
Le travail en interpro fait partie des pratiques habituelles dans le département. L’UTI des Vosges travaille ainsi main dans la main avec les syndicats Interco, Sgen, Santé-Sociaux ou Services, notamment pour les actions menées au moment des élections mais aussi pour les 1er Mai, grand débat, campagne saisonniers, opérations de tractage auprès des apprentis…

Une communication soignée avec les adhérents
C’est une priorité du Syndicat Interco 88. Pour informer les adhérents et garder le lien, le syndicat a son journal, Le Saint Diké, publié trois ou quatre fois par an. Il permet, outre de parler d’actualité, de répondre à de nombreuses questions pratiques, sous forme de fiches techniques. Les thèmes sont en lien avec les préoccupations les plus fréquentes des agents : les règles d’astreinte, la garantie pour le maintien de salaire, la garantie prévoyance, la façon de faire reconnaître un accident de service, etc.

Éric-Olivier Dagnet-Gonano et Jérôme Lusier, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du Syndicat Interco 88, l’écoutent longuement. Notent au passage quelques irrégularités dans la situation de Maryne : elle n’a ni fiche de poste ni planning. Mais la priorité est de rassurer la jeune femme. « Nous allons tout de suite prendre rendez-vous avec le maire pour négocier et obtenir que vous soyez en formation jeudi prochain », assure Éric-Olivier, qui, ni une ni deux, décroche son téléphone. Quelques minutes plus tard, le rendez-vous est pris. « Les Vosges, c’est comme un petit village. Nous avons l’avantage de connaître beaucoup de monde », explique le militant, particulièrement aguerri aux arcanes politiques du département. « La force du réseau CFDT nous est très précieuse », ajoute Jérôme. Face à certains élus, « de vieux briscards qui peuvent être très intimidants pour de jeunes agents, parfois en situation de précarité », la CFDT sait se faire entendre.

Priorité au développement

Majoritaire auprès des agents de la fonction publique territoriale du département depuis plus de quinze ans, la CFDT a acquis au fil du temps une image positive et solide. « Les gens nous font confiance. Ils savent qu’on ne va pas mettre le feu à la mairie », résume Jérôme. La CFDT s’est d’ailleurs renforcée aux dernières élections fonctions publiques de décembre 2018. « Nous sommes désormais présents dans 80 % des collectivités et implantés dans tous les services », précise Éric-Olivier, qui souligne les quelques nouvelles implantations réalisées lors de la dernière mandature : deux mairies et le Sicovad (un service de collecte et de traitement des déchets), entre autres.

La priorité au développement fixée par le syndicat porte ses fruits : avec 755 adhérents, Interco 88 affiche un taux de syndicalisation de 14,22 %. Pourtant, dans ce département rural, en partie montagneux, le contexte n’est pas de nature à faciliter la tâche. « Nous devons faire face à un très important éclatement géographique des sites, avec parfois seulement un ou deux agents par site », précise Jérôme.

Cela n’a toutefois pas découragé les militants, dont les pratiques, structurées, ont permis d’élargir l’audience. « À chaque réunion du syndicat, on fait un point sur les chiffres de développement », explique Éric-Olivier. Cartes des implantations et des cibles, tableaux de suivi des adhérents, chiffres de progression… Tout est scruté à la loupe afin de définir les actions à mener. Au moment des élections, les militants ont également observé les listes d’émargement, « pour savoir qui a voté, quels services ont voté ou non, et en analyser les…

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