La CFDT instille une culture syndicale chez OUI.sncf abonné

À force de conviction et de valorisation de ses résultats, la section CFDT est passée, à l’issue des élections de 2018, devant les sans-étiquette, qui dominaient les instances représentatives du personnel depuis la création de cette filiale privée de la SNCF.

Par Didier Blain— Publié le 02/04/2019 à 13h40

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« Tout le travail réalisé au cours des années précédentes a fini par payer », se réjouit Nicolas Chardon, le délégué syndical (DS) CFDT de OUI.sncf. Lorsqu’il arrive en 2002 chez OUI.sncf (ex-Voyages-sncf.com), l’entreprise a deux ans d’existence et emploie 50 salariés. Dix-sept ans plus tard, elle compte plus de 1 000 salariés et quelque 400 prestataires. Entre-temps, OUI.sncf est devenu un des leaders français du e-commerce, devant la Fnac et Amazon France.


Valoriser les résultats obtenus
Au cours de la précédente mandature, la section a obtenu de nombreux résultats tels que l’abondement de 1 000 euros au plan d’épargne entreprise, deux jours de RTT supplémentaires pour les cadres au forfait, des indemnités kilométriques de 200 euros pour les cyclistes, et deux jours de télétravail hebdomadaire pour ceux qui en ont fait la demande et vingt-quatre jours par an pour les autres.

Convaincre les sans-étiquette
Les interventions pertinentes et efficaces des responsables CFDT dans les instances de la délégation unique du personnel ont convaincu nombre d’élus sans étiquette de rejoindre la section. Comme d’autres, Marjorie Marie-Sainte a vite été convaincue par la pertinence des interventions CFDT au comité d’entreprise. « Pour la sans-étiquette que j’étais, c’était frustrant d’assister au CE sans vraiment participer ! »

Afficher des objectifs ambitieux
La section CFDT a présenté un programme ambitieux revendiquant le retour des augmentations générales, la réduction des écarts salariaux entre femmes et hommes et entre les sites géographiques, un accompagnement des travailleurs en situation de handicap et un important volet de la qualité de vie au travail comprenant la prévention des risques psychosociaux et une vigilance accrue portée à l’aménagement des espaces de travail.

La CFDT, elle, commence son implantation dans la boîte dès 2002 dans le cadre des négociations sur les 35 heures. « Aussi en vue de faire avancer l’intéressement et la participation », ajoute Nicolas. Les premières années sont laborieuses dans ce milieu constitué à 80 % de cadres et de jeunes, sans réelle culture syndicale. « L’image du syndicalisme cheminot CGT de la SNCF fait même plutôt effet d’épouvantail, précise le délégué syndical. Il leur arrive de distribuer des tracts à l’entrée de l’entreprise, mais ça ne prend pas avec les salariés. » La CFE-CGC a bien tenté de s’implanter en participant à la négociation du protocole d’accord préélectoral, mais aucun salarié n’a suivi.

“Sans étiquette, c’est frustrant !”

Jusqu’aux dernières élections (octobre 2018), les sans-étiquette dominaient les instances représentatives du personnel (IRP). À force de pédagogie, de valorisation des résultats obtenus et de conviction, la petite équipe CFDT s’est sérieusement étoffée. Avant les élections, plusieurs élus sans étiquette l’ont rejointe. C’est le cas de Marjorie Marie-Sainte, coordinatrice voyage, jusque-là élue sans étiquette au comité d’entreprise. « Au comité d’entreprise, on voyait les délégués CFDT gérer vraiment les choses. Leurs interventions étaient pertinentes et on les sentait soutenus par une organisation. Pour la sans-étiquette que j’étais, c’était frustrant d’assister au CE sans vraiment participer. J’ai décidé de faire confiance à Nicolas et d’adhérer. » Marjorie est aujourd’hui trésorière de la section et élue au comité social et économique (CSE).

Au total, la section a vu ses effectifs presque doubler. Les résultats engrangés dans la mandature précédente ont été un véritable vecteur d’adhésion : un nouvel accord sur le temps de travail avec deux jours de RTT supplémentaires pour les cadres au forfait ; un abondement au plan épargne entreprise de 1 000 euros ; des indemnités kilométriques de 200 euros par an bénéficiant aux cyclistes ; une meilleure prise en charge des tickets-déjeuner ; le passage à deux jours de télétravail par semaine pour ceux qui en ont fait la demande et vingt-quatre jours dans l’année d’homework (travail à la maison) pour tous ; un accord sur le droit à la déconnexion… « Sur ce dernier point, nous restons dubitatifs quant à l’efficacité de ce qui est mis en place, précise Nicolas Chardon. Un suivi est prévu, on rectifiera au besoin. » En ce qui concerne le télétravail, un sujet sensible aux yeux des salariés, « nous en sommes à la troisième version de cet accord, constate le délégué syndical. À l’origine, cette négociation a été souhaitée par la direction afin de faciliter la gestion des locaux, notamment à la Défense, et absorber la croissance de l’entreprise. Pour nous, elle est surtout l’occasion d’instaurer un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle ».

De grosses réorganisations génèrent des malaises

Pour vendre leur bilan, les élus misent sur la proximité avec les salariés. La section dispose d’ailleurs de plusieurs moyens d’action numérique. Outre un site internet dédié, « nous avons pu obtenir le droit d’envoyer quatre fois par an un mail syndical à l’ensemble du personnel », revendique le DS. Le reste relève de la proximité directe avec les salariés. Un équilibre qui fonctionne ! « La…

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