La CFDT étend son réseau dans la “Cosmetic Valley” abonné

Les entreprises du luxe prospèrent en région Centre-Val de Loire. Sous l’impulsion du Syndicat régional chimie-énergie, les sections CFDT naissent ou revivent dans les fleurons du secteur comme dans les plus petites entreprises.

Par La rédaction— Publié le 26/02/2019 à 16h13

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Bien que le Centre-Val de Loire ne soit pas la Californie, elle a sa Cosmetic Valley, pôle de compétitivité de la filière parfums et cosmétiques. Derrière les noms Dior ou Guerlain, puissamment évocateurs de luxe et de beauté, se trouvent des entreprises de l’industrie chimique, des usines produisant crèmes, parfums mais aussi flacons et emballages. Une cible de développement clairement identifiée par le Syndicat chimie-énergie du Centre-Val de Loire, après analyse des résultats des élections professionnelles. « En comparant les taux de représentativité et le nombre d’adhérents dans les sections, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il existait un fort potentiel de développement, indique Nathalie Dumais Legrand, secrétaire générale du syndicat. Si la CFDT obtient 40 % des voix dans une entreprise de 100 personnes qui compte 10 adhérents, d’un point de vue mathématique, il y a une belle marge de progression ! Et le but est de gagner un maximum de sièges dans les CSE [conseils sociaux et économiques] qui se mettent en place. » Et dans cette phase de renouvellement des instances, la négociation des protocoles préélectoraux est une clé d’entrée dans les entreprises.

Une base de données pour booster le développement

La Cosmetic Valley n’est qu’une petite partie du champ professionnel couvert par le syndicat, qui comprend également la pharmacie ou les industries électriques et gazières. Pour accélérer son développement, le syndicat a dégagé des moyens et fait tourner le logiciel Excel. Dix négociateurs de protocoles préélectoraux, chargés chacun d’une zone géographique spécifique, procèdent à l’analyse de tous les procès-verbaux des élections récupérés sur le site du ministère du Travail. Ils alimentent ainsi une base de données, qui mentionne la présence ou l’absence d’adhérents mais également de sections CFDT. Les militants organisent ensuite des distributions de tracts devant les entreprises ciblées et renouent les liens avec les adhérents isolés. Résultat : en 2018, dix nouvelles sections ont été créées. « Avec 1 % de développement pour l’année 2018, nous sommes encore loin de l’objectif du congrès de Rennes, avance modestement Arnaud Grandemange, chargé de mission développement du syndicat. Mais on clôture en positif, et compte tenu du taux de rotation du personnel, nous allons dans le bon sens. »


Le CSE, clé d’entrée dans les petites entreprises
« Paradoxalement, les petites PME sont les plus faciles d’accès, explique Nathalie Dumais Legrand, secrétaire générale du Syndicat chimie-énergie du Centre-Val de Loire. Elles ne savent pas comment procéder dans ce nouvel environnement juridique et ont un a priori favorable vis-à-vis de la CFDT et de sa culture de la négociation. »

Communiquer avec les salariés
« Si les syndicats voient leur cote baisser, c’est par manque de communication avec les salariés », estime Sylvain Cerceau, délégué syndical CFDT chez Guerlain, qui a remis au goût du jour les tournées d’ateliers systématiques. Il informe les adhérents de l’évolution des négociations en temps réel. Les salariés sont traités à la même enseigne pendant quelques mois, puis sont invités à adhérer. Résultat : en un an, la section a vu son nombre d’adhérents doubler.

Faire son marché… chez Dior
Plutôt que les prestataires habituellement invités dans le cadre de la commission vente-exposition du comité d’entreprise (CE), la déléguée syndicale centrale de Dior préfère faire venir des producteurs locaux de produits frais. Tous les vendredis, les salariés font leur marché : primeurs, miel, viandes et volailles. Les commerçants peuvent au choix payer une patente reversée au budget du CE ou accepter une réduction de leurs prix.

Cette stratégie de développement vise particulièrement la Cosmetic Valley. Dior, Guerlain, Shiseido, Paco Rabanne, Pier Augé, L’Oréal, Francos (filiale du groupe Sisley)… Déjà sept sections ont été relancées, et deux sont sur le point d’être créées. Béatrice Ramaugé, déléguée syndicale centrale chez Dior, a été choisie par le syndicat pour coacher les sections et redynamiser le dialogue social. « Le luxe est un monde à part, a-t-elle coutume de dire. Il comporte des avantages – dans la chimie, l’augmentation générale se négocie à 1,2 %, chez nous cela peut atteindre 1,8 % – mais aussi des contraintes, un dialogue social parfois ronronnant. » Selon une petite musique soigneusement entretenue dans ces grandes maisons, qui sont encore souvent gérées comme des entreprises familiales, les salariés du luxe seraient des privilégiés et ne devraient rien avoir à revendiquer de plus. Les militants CFDT ne l’entendent pas de cette oreille. La section Dior, par exemple, peut se prévaloir de quelques beaux accords et de pratiques syndicales éprouvées. C’est précisément ce que Béatrice veut partager avec les délégués syndicaux d’autres sections, en faisant jouer l’effet réseau. Christian Dior, 1 750 salariés, est le plus gros employeur du département du Loiret. L’entreprise connaît depuis plusieurs années une forte croissance boostée par le marché asiatique. « Nous avons négocié des accords plus favorables que la moyenne de l’industrie cosmétique sur de nombreux sujets : la rémunération, le…

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