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Les réfugiés et l’emploi des jeunes au cœur du premier jour du congrès de la CES

Publié le 29/09/2015

Le 13e congrès de la Confédération européenne des syndicats, qui a commencé ce mardi 29 septembre, se tiendra jusqu’à la fin de la semaine. François Hollande, Jean-Claude Juncker et Martin Schulz ont marqué de leur présence ce premier jour. L’emploi, la croissance, le dialogue social européen et la transition numérique ont été au cœur de leur intervention. Ce sont aussi les thèmes principaux du congrès.

C’est parti pour une semaine de congrès à Paris. Rien moins qu’un président de la République en exercice, un président de la Commission européenne, un président du Parlement européen et une maire de Paris ont ouvert la première journée du 13e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui se déroule cette semaine à la Mutualité.

Accueillir les réfugiés, « une exigence du cœur »

François Hollande a entamé son intervention en rendant hommage au rôle essentiel des syndicats. « Il ne peut pas y avoir d’avancées si l’Europe des citoyens, et vous les représentez, ne sont pas associés », a précisé le président de la République en s’adressant aux 1 500 délégués et observateurs issus de 39 pays et de 90 organisations syndicales. Après avoir rappelé le rôle déterminant joué par les partenaires sociaux dans la construction des droits sociaux européens, il a regretté que l’arrivée de la crise et la progression du néolibéralisme aient entraîné une « remise en cause de l’Europe sociale », alors même que « l’agenda de Lisbonne prévoyait la convergence des droits sociaux ».

Mais pour François Hollande, « le grand sujet qui va revenir sur le plan politique, c’est l’ouverture ou la fermeture, et celui du souverainisme ou d’une forme de fédéralisme qu’il faudra assumer » en faisant référence, entre autres, aux réactions européennes face à la problématique des réfugiés. Si, selon le Président, « l’Europe a tardé à prendre la mesure de ce qui était à l’œuvre au Moyen-Orient », aujourd’hui, l’Union européenne doit poursuivre ses efforts d’accueil des réfugiés et d’aides financières au développement des pays d’origine. « Nous aurons à intégrer socialement et professionnellement ces réfugiés […] et leur permettre d’accéder à l’emploi », a-t-il insisté. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s’est fait très lyrique en affirmant que malgré tous les problèmes que cela pose aux collectivités et aux États, accueillir les réfugiés est « une exigence du cœur et une ardente obligation de l’Europe ». La CES s’est félicitée de voir le président de la Commission reprendre sa revendication « à travail égal, salaire égal sur un même milieu de travail ». Une motion d’urgence dans ce sens devait être adoptée au congrès mercredi matin.

Chômage des jeunes, un baril de poudre pour la démocratie

Le thème de l’emploi a été abordé dès le début de son intervention par Martin Schulz, le président du Parlement européen. Il a martelé les chiffres qui font mal : 5 millions de jeunes sans emploi, 23 millions de chômeurs et des inégalités croissantes. Selon lui, il ne s’agit de rien de moins que d’« un baril de poudre au pied de notre démocratie ». Pour sa part, le président de la Commission européenne a estimé que l’emploi et la croissance reposent sur un triangle vertueux : la maîtrise budgétaire, les réformes structurelles et l’investissement. « Si l’effort pour la consolidation budgétaire est nécessaire, ce n’est pas suffisant. Nous avons eu une panne de l’investissement, d’où le plan Juncker, qui est aujourd’hui en marche et auquel de nombreux États ont déjà contribué. »

Jean-Claude Juncker a encouragé la CES à prendre toute sa place pour une « véritable renaissance du dialogue social européen » en vue de parvenir à « un socle de droits sociaux minimum qui ne sera pas minimal ». Poursuivant son discours offensif, le Luxembourgeois a remporté un franc succès auprès des congressistes en déclarant son attachement au contrat de travail à durée indéterminée, précisant que « si les entreprises ont besoin de prévisibilité, les travailleurs aussi […]. La précarité n’est pas acceptable et elle ne correspond pas au modèle social européen ». Anne Hidalgo, la maire de Paris, n’a pas dit autre chose. « L’Europe est menacée par le dogme There is no alternative (il n’y a pas d’alternative). Réveillons-nous, sinon nous vivrons un cauchemar. Un autre chemin est possible », a affirmé l’ancienne inspectrice du travail.

Une négociation sur le numérique

Autre défi de taille auquel les partenaires sociaux vont devoir s’attaquer dès à présent : la révolution numérique, qui peut aussi bien être « une machine à détruire des emplois qu’à en créer de nouveaux ». Aux yeux du président de la République, les syndicats ont un rôle à jouer dans l’avènement des nouvelles technologies « pour éviter les abus, les distorsions de concurrence et préparer les transitions dans les secteurs traditionnels ».

mneltchaninoff@cfdt.fr et dblain@cfdt.fr