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Congrès de la CES : L’Europe doit mieux faire pour l’emploi des jeunes

Publié le 30/09/2015

La garantie pour la jeunesse, mesure européenne de lutte contre le chômage des jeunes, est-elle suffisante ? Que faire afin d’éviter que les nouvelles générations arrivant sur le marché du travail soient sacrifiées ? Une table ronde sur ces questions s’est tenue dès le premier jour du congrès de la CES.

Grâce à la garantie pour la jeunesse, quelques dizaines de milliers de jeunes Européens ont pu retrouver le chemin de l’emploi ou d’une formation depuis 2013, date de lancement du dispositif. De bons résultats pour une mesure âprement défendue par la CES, mais aussi par la CFDT, qui plaide pour que le dispositif s’adresse à tous les jeunes, de façon à être un véritable tremplin en vue de leur intégration sociale et professionnelle. Cela dit, les 6 milliards d’euros attribués par l’Union européenne au financement de la garantie pour la jeunesse se révèlent insuffisants. Appliquer pleinement la mesure – redonner à tous les jeunes de moins de 25 ans l’accès à une offre de qualité en matière d’emploi, de formation ou de stage dès lors qu’ils ont quitté le système éducatif ou un précédent emploi depuis quatre mois – impliquerait de mettre sur la table non pas 6 mais 21 milliards d’euros, selon une estimation de l’Organisation internationale du travail. A contrario, le coût de l’inaction serait bien plus élevé. La Fondation de Dublin estime que la non-prise en charge des Neet (ni en emploi, ni en études, ni en formation) représenterait pour l’Union européenne un coût de 150 milliards d’euros par an en pertes de production et d’impôts, en allocations.

Pas de garantie jeunes en Hongrie avant 2018

« L’Europe doit donner un signal fort et mobiliser bien plus de 6 ou 10 milliards d’euros pour aider les jeunes à trouver leur place sur le marché du travail, surtout dans les pays qui ont beaucoup souffert de l’austérité », a indiqué Nicolas Schmit, ministre luxembourgeois du Travail, qui intervenait au nom de la présidence du Conseil de l’Union européenne. « Quand on parle de 5 millions de jeunes au chômage, on ne parle pas de tous ceux qui vivent d’emplois précaires et ne peuvent accéder à un logement, fonder une famille, construire un projet de vie », a-t-il poursuivi, proposant de « changer de modèle économique, car il est inacceptable que le social ne soit pas intégré dans la gouvernance économique de l’Union européenne. Si la garantie jeunesse a un sens, ce n’est qu’à la condition de créer des emplois de qualité, que ce soit dans le privé ou dans le public. »

Une autre limite de la garantie pour la jeunesse est la difficulté de sa mise en œuvre dans certains États membres, ce dont ont témoigné plusieurs intervenants. Cela va souvent de pair avec une moindre implication des partenaires sociaux dans le processus. « Accéder aux fonds dédiés est extrêmement long et compliqué. En Hongrie, les jeunes ne commenceront à bénéficier de la garantie jeunesse qu’à partir de 2018 ; n’y a-t-il pas moyen de simplifier la procédure ? », a ainsi questionné Viktoria Nagy, délégué du comité Jeunes de la CES.

mneltchaninoff@cfdt.fr