[Vidéo] Lula : “Le monde a besoin de syndicats forts”

Publié le 11/03/2015 (mis à jour le 02/04/2015)

Le président Lula a reçu la délégation CFDT qui était au Brésil fin février et début mars. L’ancien syndicaliste s’est exprimé sur les difficultés que traverse le pays, la gouvernance mondiale et le mouvement syndical.

« Bem-vindo » (Bienvenue). C’est avec ce mot et une cordialité non feinte que l’ancien président du Brésil (2003-2010), Lula, a accueilli la délégation CFDT conduite par Laurent Berger présente dans le pays du 27 février au 6 mars. Visiblement en forme, Lula a demandé des nouvelles des anciens de la CFDT qui l’avaient soutenu lors de la création de la CUT, la plus grande centrale brésilienne, dans les années 80 sous la dictature militaire. « Vous arrivez aujourd’hui à un moment difficile pour le Brésil, a lancé Lula à la délégation CFDT, le mouvement syndical se porte mieux que le gouvernement» pointant « la confusion gouvernementale entre ajustement fiscal et moralisation. » Dilma Roussef, la présidente actuelle, dont Lula a soutenu la campagne, fait face à une récession économique nécessitant des ajustements économiques et sociaux et une affaire de corruption sans précédent d’un montant de 4 milliards $ dans laquelle quatre partis de gouvernement, dont le Parti des travailleurs, sont impliqués. Pour autant, l’ancien syndicaliste a conseillé aux responsables de la CUT présents lors de cette rencontre, « de continuer à négocier avec le gouvernement. Il ne faut pas que les travailleurs paient les pots cassés dans ces affaires. »

Mauvaise gouvernance mondiale

L’ancien président a ensuite abordé les questions de politique internationale pour dénoncer la mauvaise gouvernance mondiale. «Il faut instituer une rotation à la tête des institutions financières internationales que sont la FMI et la Banque mondiale afin qu’elles ne soient pas toujours dirigées par des Occidentaux », a-t-il insisté. Concernant les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), il a souhaité que ces pays s’ouvrent davantage au commerce mondial, rompent avec le protectionnisme tout en accompagnant et en aidant financièrement les pays les plus pauvres. « Pour cela, il faut mettre en place des politiques fortes pour lesquels les classes politiques sont aujourd’hui trop fragiles et mal préparées », a ajouté l’ancien président.

Rester optimiste

S’adressant aux syndicats aussi bien européens que sud-américains, Lula a redit l’utilité d’un mouvement syndical efficace dans le monde. « Les moments difficiles que nous vivons obligent le mouvement syndical à repenser son rôle, à corriger ses erreurs. C’est aussi vrai pour les partis politiques », a affirmé l’ancien métallo. Enfin à Laurent Berger qui l’interrogeait sur la lutte contre la pauvreté au Brésil alors qu’en France celle-ci progresse, Lula a répondu : « Tu es jeune, tu as de grands défis devant toi pour que les futures générations aient une vie décente. Il faut rester optimiste, faire reculer la pauvreté, c’est possible, nous l’avons fait au Brésil. »

dblain@cfdt.fr