Entretien avec Yvan Ricordeau, secrétaire national responsable des questions internationales à la CFDT, sur les enjeux du 4e congrès de la Confédération syndicale internationale.
Quel regard la CFDT porte-t-elle sur l’action de la Confédération syndicale internationale (CSI) ?
La CSI porte un syndicalisme mondial qui conteste et dénonce les injustices et les déséquilibres dans les différents endroits du monde. C’est utile, mais pas suffisant. La CSI ne parvient pas à agir de façon plus concrète. Au vu de toutes les incertitudes qui pèsent sur l’avenir de la planète, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la montée des populismes ou des inégalités croissantes, nous pensons que le syndicalisme mondial doit tenter d’influencer au maximum les grands choix qui sont faits à l’échelle des institutions telles que l’Organisation internationale du travail, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Or, actuellement, ce n’est pas assez le cas.
Quels sont les freins ?
D’abord la CSI est une organisation très jeune. Ensuite le leadership tel qu’il est assuré aujourd’hui à la tête de l’organisation se contente d’une vision assez déconnectée de ce qui se passe réellement dans les différentes régions du monde. Mais cela peut évoluer et la CFDT travaille dans ce sens.
La CSI doit être plus proche de ses affiliés, qui ont tous des cultures syndicales très différentes. Le syndicalisme tel qu’il est pratiqué dans le monde anglo-saxon n’a, par exemple, rien à voir avec ce que l’on peut voir en Europe ou en Afrique. Il faut tenir compte des réalités de chacun.
La mandature écoulée a-t-elle permis d’obtenir des avancées ?
Oui, sur le plan de la transition écologique par exemple. Si la question de la transition socialement juste s’est imposée dedans le débat, c’est bien grâce au syndicalisme mondial.
Nous avons réussi à peser sur les orientations prises…