Hôpital en détresse à Auxerre abonné

La section CFDT se démène depuis plus d’un an contre une logique budgétaire qui menace tant les emplois que l’offre de soins.

Par Claire Nillus— Publié le 24/08/2020 à 07h27

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C’est, avec 1 700 agents, le plus grand établissement de santé du département de l’Yonne… Oui, mais il manque dramatiquement de médecins (284 pour 100 000 habitants pour une moyenne nationale de 437 pour 100 000 habitants). Rurale et vieillissante, la population est peu dense (52 habitants au kilomètre carré) mais affiche des taux de morbidité record (AVC, infarctus, cancer et diabète). « Les gens qui ont les moyens vont se faire soigner en région parisienne ou à Dijon. Mais les autres ?, déplore Pascal Gouin, le directeur. La seule finalité de l’hôpital public, c’est de soigner les personnes, pas d’être rentable. » Et les soignants l’ont démontré car l’hôpital d’Auxerre a fait preuve de réactivité tout au long de la crise sanitaire : pendant l’épidémie, en dépit des restrictions de moyens dues à sa situation financière alarmante (26 millions d’euros de déficit cumulé), l’hôpital a réussi à créer ex nihilo des services dédiés aux malades du coronavirus. « Le personnel s’est montré extrêmement efficace et soudé. La mobilisation a été exceptionnelle, parmi les militants mais aussi l’ensemble des agents », souligne Sabine Tort, secrétaire de la section CFDT.

Un plan d’économies en forme d’hémorragie

Hôpital généraliste et de proximité offrant une offre de soins complète, le CH d’Auxerre est désormais tenu de faire mieux avec moins de moyens. Soumis à un contrat de performance mis en place par l’Agence régionale de santé pour la période 2018-2022, il a été placé à la fin août 2019 sous Copermo (Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers) : un nouveau coup de massue pour les organisations syndicales qui avaient déjà toutes les difficultés à obtenir une réponse de l’ARS au sujet des aides exceptionnelles qu’elles réclament. De plus, les représentants du personnel ne font pas partie du comité de pilotage d’un Copermo. Enfin, ce deuxième plan d’économies est draconien : il s’agit de diminuer les dépenses de 40 % en augmentant les recettes de 60 % dans le même temps et dans les trois années qui viennent, en contrepartie d’une aide financière qui n’interviendrait pas avant septembre 2020 – ce qui signifie de nouvelles suppressions de postes et fermetures de lits. Suspendu pendant le confinement mais pas annulé, ce plan pourrait évoluer avec les conclusions du Ségur de la santé. Aujourd’hui, les agents sont épuisés et on leur annonce, comme avant la crise sanitaire, la suppression de RTT et de la demi-heure de repas comprise dans leur accord temps de travail. Le versement de la prime annuelle (environ un mois de salaire) a fait l’objet de deux virements, en février et en juin. « On nous demande des efforts et d’être…

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