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La CFDT et les Acteurs en transition énergétique défendent leurs amendements

Publié le 24/09/2014

Cinq mesures doivent absolument être inscrites dans le projet de loi, selon le collectif des Acteurs en transition énergétique, dont la CFDT est membre. À défaut, les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de diminution de la consommation énergétique risquent de ne pas être atteints.

Le débat sur le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte a débuté à l’Assemblée nationale le 24 septembre. À la demande du gouvernement, son examen fera l’objet d’une procédure accélérée. Il sera d’abord discuté dans le cadre d’une commission spéciale, puis débattu en séance publique à partir du 1er octobre.

Membre du collectif des Acteurs en transition énergétique – qui réunit des entreprises, des ONG, des collectivités locales et des syndicats de salariés* –, la CFDT a défendu avec ses partenaires une vision positive de cette transition, lors d’une conférence de presse le 22 septembre.

Cinq mesures nécessaires

Le collectif a mis en avant cinq mesures essentielles qu’il souhaite voir adoptées par les députés. Il soutient les objectifs en matière de sobriété, d’efficacité et de diversification énergétique prévus par le projet de loi, notamment les engagements de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la consommation énergétique finale de 50 % à l’horizon 2050. Mais les Acteurs estiment que ces objectifs ne pourront être atteints si la loi ne prévoit pas :

  • Le développement de la mobilité durable
  • La lutte véritable contre la précarité énergétique
  • L’anticipation sur les transitions professionnelles
  • L’expérimentation de nouveaux outils de financement
  • La simplification des initiatives sur les territoires

Développer des transports publics innovants

Les transports et la mobilité durable ont été les parents pauvres du débat national sur la transition énergétique en 2013, et le projet de loi, trop focalisé sur le développement des véhicules électriques, n’est pas à la hauteur des enjeux sur ce sujet, estime le collectif.

La CFDT-Transports Environnement a rappelé ses propositions pour des transports publics innovants : développement de l’intermodalité incluant le transport à la demande et le covoiturage, des transports par câble comme les téléphériques urbains, du transport fluvial et ferroviaire des marchandises, etc. Alors que dans le projet de loi actuel, les plans de déplacements d’entreprise visant à favoriser les alternatives à la voiture individuelle seront optionnels, la CFDT demande à ce qu’ils soient obligatoires dans les établissements de plus de 50 salariés.

Elle met également en avant la nécessité de protéger les usagers et les salariés des transports de la pollution aux particules fines, en particulier dans les métros, les tunnels, les péages d’autoroutes et les aéroports.

Mettre fin aux « passoires thermiques »

Réduire significativement la précarité énergétique est aussi un enjeu majeur. Celle-ci touche 8 millions de personnes en France, dont plus de la moitié sont des retraités. Beaucoup ne bénéficient pas des aides auxquelles elles peuvent prétendre. Les Acteurs en transition énergétique regrettent que la loi ne propose qu’une seule disposition, le chèque-énergie, qui doit remplacer les tarifs sociaux de l’énergie. La CFDT demande qu’il couvre les besoins de chauffage, mais aussi d’isolation et de mobilité, et que son attribution soit automatique.

Mais pour créer les conditions économiques qui permettront à tous les ménages de disposer de l’énergie suffisante, la rénovation des logements qualifiés de « passoires thermiques » doit être un objectif prioritaire de la loi, soulignent les acteurs du collectif. Celui-ci estime notamment que la performance thermique doit constituer un des critères de décence des logements.

Pour accélérer l’investissement dans la rénovation énergétique des bâtiments, le collectif soutient l’idée d’un tiers financeur régional. Ces sociétés de financement avanceront les coûts des travaux aux particuliers. Ces derniers leur verseront un « loyer » inférieur ou égal aux économies d’énergie réalisées. Ce système, très utilisé en France et en Europe dans les années 80 et 90 pour développer les réseaux de chauffage urbain et la cogénération, permettrait aux particuliers de rénover leur bien sans avancer de sommes importantes.

Planifier les transitions professionnelles

Auditionnée par l’Assemblée nationale, la CFDT a particulièrement insisté sur la nécessité de mettre en place une programmation pluriannuelle des emplois et des compétences. Elle souhaite l’ouverture rapide de négociations au sein des branches professionnelles. La transition énergétique devrait générer 600 000 à 800 000 emplois d’ici 2030-2050 dans tous les secteurs d’activité, mais faute d’anticipation sur les nouvelles compétences à développer, ces prévisions pourraient être affaiblies.

La CFDT a aussi rappelé la nécessité de préparer les reconversions industrielles et professionnelles. Avec le collectif des Acteurs en transition énergétique, elle demande à ce que le projet de loi intègre des outils d’analyse partagée de l’évolution des besoins en emplois, compétences et qualifications permettant d’adapter l’offre de formation. Pour cela, la planification de l’énergie doit être coordonnée avec la gestion prévisionnelle des emplois, des compétences et des qualifications.

La CFDT soutient le principe du rééquilibrage entre les sources d’énergie. Selon les objectifs proposés par le gouvernement, il doit permettre de réduire la consommation des énergies fossiles de 30% en 2030, de porter la part des énergies renouvelables à 32% de la consommation énergétique en 2030 et de diminuer celle du nucléaire dans la production d’électricité à 50% d’ici 2025 (contre 78% aujourd’hui). Ceci implique d’anticiper, d’accompagner et de sécuriser les transitions professionnelles des salariés concernés.

La CFDT déplore que rien ne soit encore engagé à ce jour pour développer une filière d’excellence du démantèlement des centrales nucléaires et organiser la reconversion des salariés, des sous-traitants et des prestataires de services.

nfigarol@cfdt.fr

 

Photo ©Benoit DECOUT / REA

*Le collectif représente 700 000 membres associatifs, 600 collectivités locales, 1 million d’emplois dans les services énergétiques des entreprises membres d’ATE et 1,2 million d’adhérents d’organisations syndicales.