Déjà 1 000 adhérents cadres dans le bâtiment ! abonné

En un an, 179 cadres du bâtiment et des travaux publics ont rejoint la CFDT. C’est le résultat d’une stratégie de développement menée dans les entreprises, avec le soutien de la fédération et de l’union confédérale des cadres.

Par Marie-Nadine Eltchaninoff— Publié le 07/08/2020 à 07h35

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Cécile, Cédric et Pierre font partie de la dizaine de cadres qui ont récemment rejoint la section CFDT de SPIE CityNetworks à Lyon. Ils attendent beaucoup d’un renouvellement des instances lors des prochaines élections au comité social et économique (CSE). Déçus par les organisations syndicales jusqu’à présent majoritaires, ils souhaitent s’investir pour le bien commun. « La logique du bras de fer avec la direction, qui est la marque de fabrique de certaines organisations, ne m’intéresse pas, explique Cédric, responsable de production des services informatiques. Nous sommes là pour faire avancer les choses dans l’intérêt des salariés. Il y a un certain nombre de problématiques à faire remonter, et nous allons nous y attacher. » Une opinion partagée par Pierre, responsable de réalisation, et Cécile, responsable d’affaires. « Nous manquons d’informations sur ce qui se dit dans les réunions de comité d’entreprise, indique Pierre. J’ai envie de participer à cet aspect-là de la vie de l’entreprise. » La perspective d’un prochain déménagement du site lyonnais de SPIE CityNetworks soulève notamment de nombreuses questions parmi les salariés. « Les cadres peuvent enrichir le débat au sein de l’équipe syndicale en apportant leur point de vue sur l’organisation du travail et la marche de l’entreprise », précise Cécile.

Faire franchir aux cadres le pas de l’adhésion

Un partenariat à approfondir
Le partenariat signé en 2018 entre la Fédération nationale Construction et Bois et l’Union confédérale des cadres a permis de développer les formations Imagin’cadres. Prochain objectif : déployer des interventions auprès des étudiants et des apprentis. L’UCC et la FNCB envisagent également de mener des actions à la Défense, où sont situés les sièges sociaux des principaux acteurs du BTP.

Un enjeu de représentativité
« Si nous voulons que la CFDT reste la première organisation syndicale dans son ensemble, nous devons rester premiers chez les cadres », souligne Laurent Mahieu, secrétaire général de la CFDT-Cadres. Cet enjeu est tout aussi important au sein des entreprises, où le fait de présenter des listes au collège cadres permet de gagner des sièges au CSE.

Le précieux apport d’Imagin’cadres
La formation conçue par le Crefac (Centre d’étude et de formation pour l’accompagnement des changements) pour la CFDT-Cadres est ouverte aux militants, cadres ou non. Elle consiste en une session de deux jours suivie d’une journée six mois plus tard et comporte un projet de syndicalisation à élaborer pendant la période intersession.

Ce n’est pas Morad Mezhoud, délégué syndical, qui va les contredire, lui qui depuis des mois s’ingénie à convaincre les cadres de franchir le pas de l’adhésion. Sur les 190 salariés de cette entité de SPIE, 45 % sont des cadres, 45 % des Etam (employés, techniciens, agents de maîtrise) et 10 % seulement des ouvriers. « Les cadres aussi ont le droit d’être représentés, souligne Morad. La vision du syndicalisme CFDT, qui recherche davantage le dialogue social que l’affrontement, leur convient. Je rappelle toujours que la CFDT, contrairement à la CFE-CGC, n’est pas un syndicat catégoriel. Cet argument porte dans nos métiers où la solidarité est une valeur importante. »

Morad Mezhoud a contribué, à son échelle, aux bons résultats de la FNCB, qui affiche 179 adhésions supplémentaires de cadres pour l’année 2019. « Nous notons une hausse continue depuis trois ou quatre ans », se réjouit Patrick Blanchard, secrétaire national responsable du développement à la FNCB. Une juste récompense eu égard aux efforts fournis par la fédération dans le cadre de sa politique de développement. Tout est parti du constat suivant : « Historiquement, la fédération est constituée de syndicats ouvriers mais la part des emplois ouvriers ne cesse de diminuer dans nos secteurs, en raison de l’externalisation des activités, du recours à la sous-traitance et à l’intérim, explique Patrick. À terme, cette évolution risque de fragiliser la base de notre fédération ; aussi, nous avons décidé de nous tourner vers les autres catégories de personnel. » Proposer l’adhésion aux cadres n’a pourtant rien d’une évidence, tant le clivage entre les différentes catégories de personnel reste prégnant dans de nombreuses entreprises. Les idées reçues ne facilitent pas les échanges. « Même parmi nos militants, l’idée selon laquelle la place des cadres est à la CGC est très répandue, regrette Patrick. C’est évidemment faux, et nous devons souvent rappeler que la CFDT est le premier syndicat des cadres. »

Des formations qui répondent aux attentes des cadres

C’est afin d’aider les militants à mieux dialoguer avec les cadres que la fédération a développé une série de formations, Imagin’cadres, en partenariat avec la CFDT-Cadres (lire SH no 3710, p. 8). « La formation vise à déconstruire les stéréotypes et à faciliter la prise de contact, explique Laurent Mahieu, secrétaire général de l’Union confédérale des cadres. Elle a pour objectif de travailler sur les attentes des cadres et sur les revendications qui leur sont propres. »…

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