Covid-19 : [Hôpital d’Orléans, semaine 6] Entre le pic de la crise et le retour à la normale abonné

La vague Covid reflue mais la pression est toujours forte en réanimation, sur fond de reprise de l’activité. L’hôpital d’Orléans est sous tension, les personnels aussi. Les militants CFDT n’ont qu’une hâte : reprendre leurs tournées auprès des agents. 

Retrouvez les épisodes précédents :
17 mars : Le calme avant la tempête
27 mars : Les soignants en ordre de bataille
3 avril : La solidarité au plus fort de la crise
10 avril : "On est épuisé et les tensions montent"
17 avril : Bienôt la fin du tunnel ?

Par Marie-Nadine Eltchaninoff— Publié le 23/04/2020 à 13h02 et mis à jour le 18/01/2021 à 20h24

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Covid Web« L’activité Covid baisse et c’est un soulagement pour tout le monde, nous sommes contents d’avoir passé le cap de la crise, » se réjouit Chantal, déléguée syndicale CFDT au Centre hospitalier régional d’Orléans. Les services de réanimation continuent cependant d’être fortement sollicités, compte tenu de la durée d’hospitalisation des patients, de deux à trois semaines, et de l’aggravation de leur état qui peut survenir entre le 7ème et le 14ème jour. L’hôpital, qui a parallèlement repris des activités courantes telles que la chirurgie cardiaque ou orthopédique, est plus encore que de coutume confrontée à l’un de ses maux récurrents, le manque de personnel. « Le ratio soignants-patients est bien plus élevé dans le service Covid, très gourmand en personnels formés à la réanimation notamment. Or les blocs opératoires qui redémarrent leur activité ont également besoin d’infirmières spécialisées, » souligne Chantal.

Défi RH et inquiétude sanitaire

Le défi d’aujourd’hui se situe au niveau d’une gestion fine des ressources humaines, dans ce centre hospitalier de 4500 agents, réputé proposer des soins de pointe. « Nous sommes un hôpital de spécialités, contrairement à des établissements plus généralistes, précise Chantal. Que ce soit en rhumato, en cardio ou en dermato, les soignants sont formés à des techniques sophistiquées. Or ces dernières semaines, nous avions regroupé quatre spécialités en un seul service et les équipes ont été défaites et redéployées. Cela a généré du stress, les médecins n’avaient pas toujours le temps d’expliquer les procédures en détail aux infirmières et aides-soignantes. Mixer les équipes, ce n’est pas inintéressant, cela peut ouvrir des perspectives, mais quand cela se passe dans la précipitation c’est plus un facteur de tension que d’enrichissement professionnel. » Aujourd’hui, le processus inverse doit se produire : les services se reconfigurent une fois de plus sans pouvoir retrouver les contours antérieurs à la crise, les équipes doivent se recomposer et les personnels s’adapter.

«Les agents aimeraient un retour à la normale, mais nous voyons bien que la situation actuelle va s’installer dans la durée, » note Chantal. L’inquiétude demeure quant au risque d’infection. Elle est particulièrement présente chez les personnels non-soignants, moins sensibilisés et informés que le personnel médical. « Au self, nous utilisons depuis quelques temps de la vaisselle jetable, car les agents de la restauration ont peur d’être contaminés en lavant les couverts des soignants, ce qui n’est bien sûr pas fondé. »

Les ressources humaines limitées et la crainte de la contamination amènent les uns et les autres à…

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