Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, fait le point sur la situation à l'Education nationale en cette période de crise sanitaire et demande l'ouverture d'une grande négociation pour préparer au mieux la reprise des cours à partir du 11 mai.
Dans son discours du 13 avril, le président de la République évoquait la réouverture des écoles, des collèges et des lycées le 11 mai. Cette annonce a-t-elle été une surprise pour le Sgen-CFDT ?
Oui cela a été une surprise, qui s’est accompagnée d’une interrogation. Etait-il nécessaire de l’annoncer dans ces termes ? Le président aurait tout aussi bien pu dire que le confinement était maintenu, et qu’à partir du 11 mai, en fonction de l’évolution épidémique, l’ensemble des services de l’Etat allaient travailler sur l’évolution des services publics de l’éducation et les conditions de reprise. Le Président a bien évoqué une réouverture progressive mais tout le monde ne l’a pas entendu de cette façon et son discours a généré des quiproquos et des inquiétudes inutiles.
Quelles précisions Jean-Michel Blanquer a-t-il apportées lors de la bilatérale tenue avec le Sgen-CFDT le 15 ?
Le ministre de l’Education nationale nous a confirmé qu’il ne s’agirait pas d’une réouverture de tous les établissements et pour tous les élèves dès le 11 mai. Une classe à 35 et 5 jours par semaine, ce n’est pas possible. Les élèves n’auront pas les mêmes horaires, les arrivées et les départs pourraient être échelonnés, cela pose la question de l’accueil des élèves autour du temps scolaire. Il va sans doute falloir maintenir une partie de l’organisation du travail existante et combiner du présentiel et du travail à distance.
Les organisations syndicales seront-elles concertées ?
C’est ce qui est prévu. Des rendez-vous doivent avoir lieu dans les semaines à venir avec les services du ministère. Nous avons pour l’instant le sentiment d’être davantage écoutés, mais toujours peu associés au processus de décision. Nous avons demandé que lien vers le contenu : Formation Enseignement privés - FEP, fédération de l’enseignement privé, soit partie prenante des bilatérales à venir, cela nous a été refusé car le ministère tient à conserver un dialogue social cloisonné, nous le regrettons.
Qu’en sera-t-il de la sécurité sanitaire des personnels et des élèves ?
Nous avons insisté auprès du ministre sur les équipements de protection individuelle, qui sont un préalable indispensable. Sinon les gens ne reviendront pas ! Les personnels comme les parents sont inquiets sur la capacité de l’institution à garantir la protection de tous. Il faut pour cela disposer de gel hydroalcoolique, de masques, mettre en oeuvre les règles de distanciation sociale et les gestes barrières, le lavage des mains notamment. Sur la question des masques, le ministre nous a répondu que les décisions seraient prises en fonction de ce que les autorités de santé estimeront nécessaire. Nous ne sommes pas des experts en matière de sécurité sanitaire mais compte tenu du débat actuel sur les masques, nous pensons que c’est un prérequis nécessaire pour instaurer un climat de confiance et de sérénité. Il nous a été dit qu’un travail était en cours avec les collectivités territoriales. Un cadre national doit être établi pour veiller au nettoyage des établissements, les salles de classe, les couloirs, le mobiliers, les poignées de porte... Est-ce que les collectivités disposent de ressources humaines suffisantes pour assumer ces tâches ?
Face à tant d’incertitudes, que demande le Sgen-CFDT ?
Nous demandons la négociation d’un plan de…