Aide à l’enfance : la scène pour espoir abonné

Dans les Yvelines, le compositeur Malik Soarès propose des ateliers artistiques à un groupe d’enfants placés, en foyer ou famille d’accueil. Ce projet, appelé Quasar, leur permet d’accéder à une pratique culturelle déterminante pour leur avenir.

Par Maria Poblete— Publié le 02/07/2019 à 10h15

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« Bonjour, je m’appelle Michel, je suis un être humain parce que je vais à l’école. Sur le vaisseau spatial, je suis le mécanicien. » Devant lui, Claude, chef opérateur, et Pierre, vidéaste, enregistrent et filment. Ça tourne ! Silence ! Michel, 9 ans, reprend son histoire. « Je suis un être humain parce que j’ai peur des esprits malveillants. » Au tour de Sydney, 10 ans, de monter sur scène : « Moi, j’étais dans le ventre de ma mère. J’ai un cœur, j’ai un nombril, je suis un être humain parce que je sais réfléchir. »

Michel et Sydney improvisent les tirades de leur futur spectacle protéiforme sur la scène du théâtre Collectif 12, à Mantes-la-Jolie (Yvelines) : une histoire de vaisseaux spatiaux et de planètes.

Assis sur les fauteuils du théâtre ou installés dans un coin de la salle, leurs camarades écoutent ou chahutent. Il est 15 h 30 ce samedi de printemps, c’est bientôt l’heure d’aller goûter. Ils pourraient s’agir d’un atelier ordinaire à destination d’enfants comme les autres. Sauf qu’ici, les gamins, âgés de 7 à 12 ans, ont une particularité : ce sont tous des enfants placés en foyer ou en famille d’accueil. Cet atelier, baptisé Quasar, c’est la bulle d’air artistique que leur offrent Malik Soarès, à l’origine du projet, et son équipe.

Être valorisés, écoutés

Quasar CEntzmann« Un quasar ressemble à une étoile très brillante mais n’en est pas une, tout comme l’enfant placé ressemble aux autres, mais porte en lui une singularité liée à son parcours ; pour voir un quasar, un télescope est nécessaire. » Ce sont ses yeux qui brillent lorsque Malik Soarès, compositeur et interprète, évoque ces enfants. Ce samedi, sur la scène du théâtre de Mantes-la-Jolie, ils sont huit. Les mardis, un deuxième groupe suit les ateliers, à Rambouillet.

Le projet, lancé en octobre 2018, rassemble six artistes (musiciens, danseur, vidéaste, metteuse en scène et comédienne), des chercheurs en sciences sociales et des professionnels de l’aide à l’enfance. L’objectif : permettre un meilleur accès à la culture sans regard misérabiliste et réaliser, avec eux, un film documentaire sur le travail, une exposition ainsi qu’une pièce. « Les enfants placés n’entendent parler que de leurs problèmes, de la façon dont ils pourraient être résolus, un peu comme s’ils étaient réduits à cela, explique Pierre-Emmanuel Soriguet, sociologue et danseur. Ici, ils ont la possibilité d’échapper à ces stigmates, ils sont valorisés et écoutés. »

Malik Soarès est un ancien enfant placé. « J’ai beaucoup erré à ma majorité puis je suis devenu musicien et compositeur grâce à des rencontres et au regard bienveillant de personnes qui ont eu confiance en moi », raconte-t-il. C’est d’écoute dont manquent cruellement les enfants placés.

Dans une pièce aux tapis multicolores, Karima El Kharraze, metteuse en scène, rassemble les petits pour des exercices…

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