À Tours, une boutique CFDT dédiée aux droits des travailleurs abonné

Depuis le 1er juin, une dizaine de militants d’Indre-et-Loire accueillent et accompagnent salariés et agents dans un nouveau lieu de proximité implanté en plein cœur de ville. Le succès va bien au-delà des attentes.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 03/01/2019 à 12h55

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De tous les commerces implantés à Tours, la boutique CFDT, place Jean-Jaurès, est la seule qui n’a rien à vendre. Pourtant, depuis son ouverture au début du mois de juin, elle ne désemplit pas. « Honnêtement, on ne s’attendait pas à un tel succès », avoue Bruno Carraro, chargé de mission formation et pilote opérationnel du projet. Avec lui, huit militants de l’Union départementale (UD) 37 se relayent pour faire tourner la boutique, six jours sur sept. En seulement six mois, 378 visiteurs ont déjà poussé la porte, souvent de manière spontanée. « 80 % d’entre eux souhaitent obtenir des informations, notamment sur leurs droits ; tandis que les 20 % restants viennent chercher une aide spécifique ou se faire accompagner dans leurs démarches », détaille Guy Sionneau, le secrétaire de l’UD 37. C’est le cas de Françoise M. Employée par une société de nettoyage dans l’agglomération de Tours, cette salariée proche de la soixantaine a été reconnue inapte à son poste de travail fin septembre. Malgré l’engagement de l’employeur de lui proposer une solution de reclassement, elle dit n’avoir depuis aucune nouvelle. « Pendant un mois, j’ai été payée 50 % de mon salaire, 400 euros environ. Mais, depuis octobre, je ne touche plus rien. Je ne sais pas ce que mon patron a en tête, et je ne sais pas vers qui me tourner. » Selon Bruno, c’est un cas, malheureusement, classique.

Un lieu de proximité et de pédagogie


Un spot de pub bienvenu
Pour faire connaître la boutique au plus grand nombre, l’équipe a élaboré une campagne radio qui passe une cinquantaine de fois par semaine sur les ondes locales. Trois messages différents ont été enregistrés, afin que chacun selon sa situation puisse s’y retrouver. « On doit pouvoir sortir de ce que l’on a l’habitude de faire, en matière de pratiques syndicales mais aussi de communication », explique Guy Sionneau, secrétaire de l’Union départementale d’Indre-et-Loire.

Un lien systématique avec le syndicat
À chaque dossier créé, qu’il s’agisse d’un courrier envoyé à l’employeur ou du lancement d’une procédure plus lourde, le syndicat et l’UD concernés sont systématiquement informés pour éviter tout risque d’ingérence politique. « Il s’agit de faire respecter les règles du fédéralisme propres à notre organisation », insiste le secrétaire de l’UD.

Trois nouvelles implantations syndicales
Au-delà des adhésions, le travail effectué par les militants de la boutique CFDT a conduit à la création de trois sections syndicales, dans le commerce, l’imprimerie et une régie de quartier. Mais également des vocations militantes. Un adhérent de la régie de quartier a choisi de renvoyer l’ascenseur en devenant conseiller du salarié. Sa nomination est effective depuis novembre dernier, et il a déjà accompagné deux salariés.

« Avec la hausse du chômage, certains employeurs se sont permis des choses vis-à-vis des salariés, persuadés qu’ils ne bougeraient pas. Heureusement, de plus en plus de personnes viennent nous voir. » Ce jour-là, le militant rédigera au nom de la CFDT un courrier adressé à l’employeur de Françoise M. L’occasion pour lui de faire un peu de pédagogie et d’expliquer « la marque du syndicalisme CFDT, qui privilégie toujours la voie du dialogue social avant de se lancer dans une procédure juridique, souvent longue et coûteuse ».

Aux visites spontanées s’ajoutent les appels, de plus en plus nombreux. La veille de la venue de Syndicalisme Hebdo, une campagne a été lancée sur les ondes radio afin de faire connaître la boutique (lire le point 1, « Pour aller plus loin… »). « Depuis, c’est de la folie. Le téléphone n’arrête pas de sonner et nous avons dû dédoubler les effectifs l’après-midi pour pouvoir accueillir les personnes sur rendez-vous et répondre aux demandes des visiteurs spontanés », explique Bruno.

À l’origine du projet, il y a une ambition : se rapprocher le plus possible des salariés et faciliter le contact avec des personnes qui n’ont pas accès aux instances représentatives du personnel (IRP) dans leur entreprise. Actuellement, les locaux principaux de l’UD sont situés à Saint-Avertin, à une dizaine de kilomètres. « Trop excentrés par rapport à la demande », résume Guy Sionneau, l’un des initiateurs du projet. « Nous ne voulions pas déplacer le bureau de l’UD, mais bien avoir un lieu d’accueil de proximité, complémentaire. » Le congrès de Marseille (juin 2014) va leur en offrir l’occasion : la remise à plat des statuts de la Caisse nationale d’action syndicale (Cnas) a ouvert la voie au financement d’actions innovantes des syndicats comme des lieux de proximité pour les publics éloignés du syndicalisme. « Nous avons contractualisé le dossier avec le Syndicat Services Val de Loire. La Cnas a financé 30 % du…

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