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Vandières : les Lorrains seront consultés (RL 29/11/14)

Publié le 29/11/2014

Les Lorrains seront appelés à se prononcer, le 1er février, sur l'opportunité d'une gare TGV-TER à Vandières. Au grand dam de la droite et du Cesel.

© Le Républicain Lorrain, Samedi le 29 Novembre 2014 / Région / 

Nadine Morano : « Trois cent mille euros, c'est 324 400 baguettes de pain ».

Quatorze ans de palabres, la question du financement tout juste levée il y a un mois par Bercy, et voilà que surgit le nouvel obstacle : le 1er février, les Lorrains devront se prononcer pour ou contre la gare d'interconnexion TGV-TER à Vandières. Jusque-là, seule la question de son financement empoisonnait le débat régional. Sur le papier, tous les acteurs - État, Région, Départements -, s'étaient engagés en faveur de l'infrastructure fer-fer. Conformément au protocole additionnel à la LGV-Est signé en novembre 2000. Actant le caractère provisoire de Louvigny (environ 30 MEUR), l'accord désignait Vandières comme site de la future gare lorraine... En dépit du rétropédalage de la Moselle, RFF y a rapidement engagé les premiers travaux d'aménagement.

Fin octobre, le secrétaire d'État au Budget Christian Eckert est venu à Metz donner son feu vert, accordant la prolongation du dispositif TICPE grenelle II. Patrick Abate, vice-président de la Région, se félicite que le projet soit financé (environ 120 MEUR) « par tous ceux qui prendront de l'essence à la pompe en Lorraine »... « Sans taxe nouvelle, ni emprunt nouveau », renchérit Jean-Pierre Masseret qui voit aboutir la bataille de deux mandats : « Vandières, c'est vouloir mettre le TGV à disposition de tous les territoires lorrains » argue-t-il.

Sauf que la droite y voit surtout le soutien de la corde au pendu. Pour elle, sa suggestion - adoptée au terme des débats malgré l'opposition de droite, du FN et l'abstention des Verts - d'organiser, le 1er février, une consultation publique (pour avis) destinée à valider un investissement devenu brusquement bien embarrassant, tient de la dérobade. « Si vous vouliez prendre vos responsabilités, il y a longtemps que vous auriez pu le faire », lui objecte Nadine Morano.

« 324 400 baguettes »

De fait, à un an des élections régionales, le chef de l'exécutif se retrouve face à un cruel dilemme : se déjuger ou courir le risque d'un procès en gabegie, avec, in fine, deux gares distantes de 20 km. Contestant toute forme de fuite en avant, il s'agit, précise-t-il « de taire les fausses idées entretenues ici par l'opposition » Et de fustiger « les caricatures » et « les postures » comme « les impostures politiques, éthiques et démocratiques ». Un plaidoyer pro domo qui ne convainc pas plus la droite que le Cesel. L'assemblée socio-professionnelle a rejeté plus tôt en matinée le principe d'un tel référendum, considérant l'instruction du dossier conforme aux attentes. « De plus, je ne suis pas sûr que Vandières soit la préoccupation première des électeurs » tranchait Alain Gatti (CFDT) qui juge l'initiative bien hasardeuse.

« Cette gare n'est pas la priorité des Lorrains », confirmera plus tard, dans une ambiance survoltée, Nathalie Colin-Oesterlé (UDI) tandis que Nadine Morano s'insurge contre le coût de la consultation : « Trois cent mille euros, c'est 324 400 baguettes de pain », tranche la Touloise provoquant l'ironie de Roger Tirlicien : « Soit 35 grammes de pain par Lorrain, plutôt économique ». Plus que jamais divisées sur la nécessité de conduire à son terme un chantier venant bien tard et tournant le dos aux économies, droite et gauche semblent avoir trouvé une nouvelle pomme de discorde. Favorable à la gare, Guy Harau (Europe Ecologie) est moins emballé par la consultation. Il en propose une autre « sur la poubelle nucléaire de Bure ». Nadine Morano invite Masseret à patienter jusqu'au référendum « grandeur nature » des élections.

« Faites-en un argument de campagne », souffle-t-elle. Conseil d'amie.

Xavier BROUET.