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« Même les cadres étaient dans la rue »

Publié le 05/03/2013
Fait unique à l'époque dans l'histoire syndicale des Houillères : les ingénieurs se déclarent solidaires des ouvriers en grève. François Belin, cadre, se souvient.

© Le Républicain Lorrain, Lundi le 04 Mars 2013 / Région / 

François Belin, ici au musée de Petite-Rosselle, était cadre chargé des questions sociales au sein des Houillères en 1963. Il se rappelle que les ingénieurs s'étaient joints au mouvement de contestation surtout contre l'ordre de réquisition de Pompidou. Photo Philippe RIEDINGER

D ans son édition du 4 mars 1963,Le Républicain Lorrain insiste sur un fait : les ingénieurs sont solidaires des ouvriers en grève. Etait-ce unique dans l'histoire syndicale des HBL à l'époque ?

François BELIN : « Les cadres étaient dans la rue, aux défilés ou dans les meetings. C'était effectivement totalement inhabituel. Je me souviens d'une réunion à Merlebach au début du mouvement avec de nombreux ingénieurs, principalement de la CGC, de FO et un peu de la CFDT. D'un seul coup, tout le monde s'était prononcé pour la grève. C'était parti. »

Qu'est-ce qui a déclenché la colère des cadres dont vous faisiez partie à cette époque ?

« L'ordre de réquisition des mineurs pour aller au travail a été très mal perçu. Ce n'était pas des façons de faire. Pompidou et De Gaulle ont sans doute pensé que nous serions aux ordres. Ce fut une erreur de leur part. »

C'était aussi la première fois que la corporation était confrontée à la crise ?

« C'était le premier plan de réduction de production du charbon et cela a créé une inquiétude vraiment profonde. Bien sûr, des questions de salaires se sont greffées au débat. Mais nous vivions là le tout début de la crise du charbon. »

S. M.