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Le restaurant Poivre Rouge a baissé le rideau

Publié le 12/05/2014

Ouvert en juillet 2011, l'établissement de restauration implanté rue d'Alsace n'a pas réussi à maintenir son rythme croisière dans un bassin d'emploi sinistré.

© Vosges Matin, Jeudi le 08 Mai 2014 / Saint-Dié 

Vincent Benoît, adjoint aux Affaires économiques, a rencontré les salariés hier après-midi.

Les employés ont manifesté leur colère.

Le restaurant déodatien, d'une capacité de 150 couverts, offrait un espace spacieux.

L'annonce de la réunion exceptionnelle...

Un avis signé de la direction apposé à côté des plannings horaires, le dimanche 4 mai au soir, « invite » le personnel du restaurant Poivre Rouge qui a ouvert ses portes en juillet 2011, à une réunion exceptionnelle en date du mercredi 7 mai à 10 h 30. Le lundi 5 mai au matin, il lui a été précisé que « plus aucune commande de produits alimentaires ne devait être effectuée par leurs soins... »

Les 7 salariés présents sur une équipe en comptant 14 au total, ignoraient l'objet de la réunion. Ce n'est qu'après avoir appris, mardi, par la CFDT (le syndicat avait été alerté par une salariée), la fermeture du site... qu'ils se déclaraient en grève.

Sans l'intervention de Gérard Thiriet, délégué syndical CFDT, qui a contacté téléphoniquement, lundi matin, le directeur Patrick Royer, lui-même convoqué, comme les salariés, à cette réunion informative, l'équipe de Poivre Rouge se serait pointée « le bec enfariné » à cette réunion de mercredi. Et ce, alors que les dés étaient jetés : la décision de fermer le restaurant déodatien avait déjà été actée en haut lieu à la suite d'une réunion du conseil d'administration de ITM Entreprises portant sur une « réorganisation des entités ».

C'est l'avocat du groupe, Maître Mathilde Latrace, du cabinet Barthélémy de Strasbourg, qui a annoncé mardi à 19 h 25 « l'existence du projet de fermeture du site de Saint-Dié-des-Vosges » et indiqué que « la réunion du mercredi 7 mai a notamment pour objet la fermeture du site ».

Fermeture confirmée, hier à 10 h 30, aux salariés réunis dans l'établissement en présence entre autres d'Honoré Davy, en charge du pôle animation du réseau ITM Entreprises pour la partie restauration, de Patrick Royer, président du conseil d'administration de la SAS Saneode au titre du « portage » et qui, par ailleurs, détient le fonds de commerce du restaurant Poivre Rouge d'Epinal, de Fabrice Veccia, l'actuel directeur... qui a présenté ses excuses de la part du groupe.

La violence de l'annonce a choqué le personnel d'une moyenne d'âge de 25 ans. Ce dernier avait bien constaté une baisse de l'activité de restauration, après un départ fulgurant, mais ne s'attendait pas à se retrouver sur le carreau pour licenciement pour motif économique.

« Pourquoi le commissaire aux comptes n'a-t-il pas fait jouer son droit d'alerte ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu de procédure de sauvegarde ? Pourquoi les services de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) à Epinal n'ont pas été tenus informés ? », interroge Gérard Thiriet, aux côtés hier de deux délégués de l'UD CFDT, dont Claudine Bernard, secrétaire adjointe territoriale Vosges-Moselle.

Accompagné de Patrick Schmitt, directeur de cabinet du maire David Valence, l'adjoint aux Affaires économiques, Vincent Benoit, a rencontré les salariés à 15 h, dans les locaux de l'UL-CFDT.

Relevant pour sa part le caractère « brutal » de la cession définitive d'activité, l'élu a exprimé toute « la solidarité du maire et de l'équipe municipale ». « Nous sommes, dit-il, en lien étroit avec les représentants du groupe, la société civile des Mousquetaires, qui a donné son assurance pour assurer votre reclassement et si possible une solution de reprise de l'établissement, s'engageant à rechercher des repreneurs », dit en substance l'élu.

J.F.

A l'ouverture de Poivre Rouge à Saint-Dié, l'équipe comptait 19 salariés embauchés en contrat de travail à temps complet et à temps partiel. A l'époque, l'employeur était la SAS Saneode, avec pour président, Daniel Marotel et pour directrice Sandrine Marotel. A la création, la SAS Saneode était une société franchisée de la filiale ITM Restauration du Groupement des Mousquetaires.

Le 1er février 2014, Denis et Sandrine Marotel sont remplacés provisoirement par deux directeurs successifs, dont actuellement Fabrice Veccia. Le 1er mars, ITM Entreprise, filiale détenue à 100 % par la holding « Société civile des Mousquetaires » rachète 99 % du capital de la SAS Saneode. Par l'effet du rachat de son capital, la SAS Saneode devient une filiale à part entière d'ITM Entreprise, et fait partie d'un groupe de 1 000 salariés. Avec cette conséquence pour les salariés déodatiens, licenciés économiques, qu'ils n'ont plus droit au contrat de sécurisation professionnelle, bénéficiant seulement du congé de reclassement qui peut aller jusqu'à 12 mois maximum.