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Les indices de croissance brésilienne à la baisse

Publié le 04/03/2015

La délégation CFDT emmenée par Laurent Berger poursuit son travail au Brésil. Au cours de sa deuxième étape dans la capitale Brasilia, elle a rencontré les responsables du bureau de l’OIT dans le pays ainsi que l’ambassadeur de France et ses conseillers politique, économique et social. 


DelegationCFDT LaisAbramo DB 2015
La délégation CFDT avec Laís Abramo, directrice du bureau de l’OIT
(à la droite de Laurent Beger) et son adjoint (deuxième en partant de la droite).

« Depuis douze ans, le Brésil connaît une transformation sociale palpable, explique Laís Abramo, directrice du bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Brasilia. Le taux de chômage a chuté à 4,3 % ; plusieurs millions de salariés sont entrés dans l’économie formelle, avec une extension de la protection sociale à de nombreux secteurs qui en étaient jusque-là dépourvus ; la négociation collective est davantage reconnue ; le salaire mensuel minimum a fait un bond en début d’année en passant de 724 réaux à 788 réaux (242 euros), 48 millions de Brésiliens sont concernés ; le travail des enfants a considérablement reculé, le travail forcé aussi et enfin l’extrême pauvreté (dont le seuil est fixé à moins de 1,25 dollars par jour) ne touche plus que 4 % de la population et la pauvreté (seuil fixé à 2 dollars par jour) 9%. »

Le tableau est largement positif mais la conjoncture s’assombrit pour le pays. Le ralentissement économique percute de nombreux secteurs. La croissance qui avait déjà ralenti en 2014 à moins 0,1% devrait tomber à moins 1% en 2015. Certains indicateurs passent au rouge. « Alors que 1,3 million de salariés entraient dans l’économie formelle en 2013, ils ne sont que 400 000 en 2014 », assure Laís Abramo.

Le chômage vient de faire un bond de 1 point en ce début d’année, de 4,3% à 5,3%. Et les risques de tensions sociales augmentent d’autant que le Brésil connaît une forte augmentation du flux de migrants sur son sol. Des Boliviens, des Paraguayens, des Équatoriens, des Haïtiens mais des aussi des Africains issus des pays de langue portugaise sont attirés par l’eldorado brésilien.

Cantonnés aux travaux les plus durs, les immigrés font souvent l’objet de discrimination. La législation sur l’immigration date de l’époque de la dictature militaire (1964-1985) et met en avant les questions de sécurité nationale. Depuis, une Commission nationale tripartite s’est mise en place et envisage l’immigration sous un autre angle. « L’OIT contribue à la réflexion pour la défense des droits des migrants, pour la mise en place d’une migration régulée et pour promouvoir de bonnes pratiques », explique Laís Abramo.

Coupe dans les budgets 

Les ajustements à venir vont toucher les budgets sociaux à hauteur de 18 milliards de réals (5,4 milliards d'euros). Ils concerneront principalement l’assurance-chômage et les retraites. Le gouvernement veut reconsidérer la période de travail ouvrant droit au chômage, la faisant passer de six mois d’activité actuellement à dix-huit mois.

Sur les retraites, il veut supprimer une réversion systématique à 100% pour le conjoint survivant. « Sur la question des allocations chômage, le positionnement des organisations syndicales va être déterminant », estime Patrick Risselin, conseiller pour les affaires sociales à l’ambassade. Les syndicats devraient se prononcer dans les prochains jours.

Investissements en berne

À l’ambassade de France, les observateurs constatent aussi une situation économique et sociale dégradée. Les investissements publics et privés sont en baisse, là où les investisseurs étrangers maintiennent leur niveau et notamment les entreprises françaises. « Toutes les entreprises du CAC40 sont présentes à l’exception du BTP et des banques qui sont des secteurs protégés, explique Stéphane Tabarié, le conseiller financier de l’ambassade à Brasilia. Carrefour et Casino sont les leaders de la distribution ici. L’industrie pharmaceutique française, le groupe Accor et d’autres sont implantés. »

Enfin, un autre obstacle, météorologique celui-ci, va venir miner la santé du pays. Les régions les plus riches du Brésil, São Paulo, Rio de Janeiro, le Minas Gerais sont frappées par la sécheresse. « Le Brésil a fait de gros efforts concernant la déforestation à grande échelle de l’Amazonie, affirme Denis Pietton, l’ambassadeur de France au Brésil, mais il est aujourd’hui rattrapé par le problème du changement climatique. »

dblain@cfdt.fr